Le parquet européen ouvre une enquête sur le RN et ses alliés au Parlement: Bardella dénonce un "harcèlement"

Marine Le Pen et Jordan Bardella à Paris le 14septembre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Le parquet européen a annoncé mardi avoir ouvert une enquête sur la famille politique à laquelle appartenait le Rassemblement national, parti de l'extrême droite française, au Parlement jusqu'en 2024, soupçonnée de diverses irrégularités financières. Le président du parti français Jordan Bardella a, dans la foulée, dénoncé une "nouvelle opération de harcèlement de la part de l'administration du Parlement européen".
"Je pense que personne n'est dupe de ce type d'opération", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Strasbourg, regrettant que le "combat judiciaire" fasse "malheureusement partie du combat politique".
Le Parlement européen "prend acte de la décision du parquet"
Avec ses partenaires de l'ex-groupe Identité et Démocratie (ID), le Rassemblement national est suspecté d'avoir "indûment dépensé" plus de 4,3 millions d'euros entre 2019 et 2024, selon un rapport de la direction des affaires financières de l'institution bruxelloise, révélé par plusieurs médias début juillet.
Si la formation française n'a exercé, durant cette période, ni la présidence ni le secrétariat général de cette coalition (à l'époque dominée par la Ligue du Nord italienne), la majeure partie de cette somme a bénéficié à deux sociétés liées à des proches de Marine Le Pen: son ancien conseiller Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc.
D'après ce document, l'agence de communication e-Politic a ainsi perçu 1,7 million d'euros après un appel d'offres "purement formel" et entaché de "graves problèmes de conformité" selon les inspecteurs bruxellois, qui estiment par conséquent que "toutes ces dépenses (...) sont irrégulières".
Même chose pour l'entreprise Unanime, qui a empoché plus de 1,4 million d'euros pour des travaux d'impression, de surcroît sous-traités à moindre coût, avec une marge évaluée à 260.000 euros.
C'est en réaction à ces accusations qu'une porte-parole du parquet européen a annoncé avoir ouvert une enquête, confirmant une information du média Euractiv. Elle n'a pas donné davantage de détails "afin de ne pas compromettre les résultats de l'enquête". Le Parlement européen a dit "prendre acte de la décision du parquet". "Comme toujours, le Parlement coopère pleinement avec les autorités nationales ou européennes quand cela lui est demandé", a indiqué son service de presse.
"Deux entités"
Jordan Bardella, qui préside les Patriotes, la nouvelle famille politique de l'extrême droite à Bruxelles, a vertement critiqué l'administration du Parlement, l'accusant d'avoir diffusé des "échanges confidentiels" à la presse.
Les anciens administrateurs du groupe "contestent l'intégralité des reproches qui sont faits par l'administration européenne" a-t-il également souligné.
L'eurodéputé français a toutefois tenu à prendre ses distances avec l'ex-groupe Identité et Démocratie: "Je suis le président des Patriotes, je n'étais pas le président d'Identité et Démocratie et il n'y a pas de lien juridique entre nos deux entités". Marine Le Pen n'a quant à elle pas encore réagi à l'ouverture de cette enquête.
La semaine dernière, elle avait affirmé ne pas avoir eu connaissance du nouveau dossier visant sa famille politique. "Je ne sais pas ce qu'il en est, je n'ai pas regardé ce dossier", avait-elle déclaré sur RTL. La responsable d'extrême droite a été condamnée dans une affaire distincte, dite des assistants parlementaires européens.
Elle lui a valu fin mars une condamnation la rendant inéligible à toute élection - présidentielle ou législative - au moins jusqu'à son procès en appel prévu d'ici l'été 2026. La responsable d'extrême droite a annoncé mardi avoir saisi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour contester la peine d'inéligibilité.