"Une solution de court-terme": l'Ademe répond à Marine Le Pen qui veut un "plan climatisation"

Jusqu'à 38 degrés par endroit. La France suffoque ce mardi face à la vague de chaleur, alors que 18 départements sont en vigilance rouge canicule. Confrontées à des températures qui frôlent les 40 degrés, plusieurs villes ont décidé de fermer leurs écoles dont les salles de classe ne sont pas climatisées.
La clim justement, c'est le nouveau cheval de bataille du Rassemblement national. Marine Le Pen la présidente des députés RN à l'Assemblée nationale souhaite installer massivement la climatisation dans les hôpitaux, écoles, maisons de retraite ou encore les transports publics. Une mesure qu'elle lancerait "dès son arrivée au pouvoir", affirme-t-elle.
"Il est grand temps que la France déploie un grand plan d'équipement pour la climatisation. Alors que les vagues de chaleur seront hélas régulières, les services publics ne sont pas capables de fonctionner faute de climatisation contrairement à des dizaines de pays dans le monde", estime Marine Le Pen sur X.
La clim "une solution à court-terme"
Mais la climatisation n'aurait qu'un impact limité, estime Sylvain Waserman, président de l'Ademe, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. "La climatisation, c'est une bonne solution quand la santé est en jeu santé par exemple, notamment pour les hôpitaux et les Ehpad", reconnaît-il.
"Mais il ne faut pas vivre dans l'idée que mettre de la clim partout ça règle le problème. Cela ne peut pas être l'alibi de l'inaction où on ne change rien, on met des climatisations partout et le problème est réglé. C'est une solution de court-terme", insiste-t-il.
Et la climatisation pose aussi de nombreux problèmes. Le premier, celui du pouvoir d'achat: "Une clim mal réglée, cela peut coûter 130 euros par mois, en plus de l'achat de l'appareil. Ce n'est pas une baguette magique qui résout les problèmes", poursuit Sylvain Waserman.
"Ne pas être radical, dans un sens comme dans l'autre"
Les climatisations modernes sont plus efficaces qu'il y a 10 ans et polluent moins reconnaît le président de l'Ademe qui plaide pour un "juste chemin": "Comme tous les sujets de transitions écologiques, il ne faut pas être radical, ni dans un sens ni dans l'autre: quand la santé est en jeu, il faut des climatisations mais le mieux, c'est de se préparer en amont, il y a 5 fois plus de vagues de chaleur qu'il y a 30 ans. Si on ne change rien, il y en aura dix fois plus pour nos enfants".
"Il faut à la fois travailler sur les causes et sur les conséquences et trouver des solutions pragmatiques mais on ne peut pas mettre des climatisations partout", ajoute Sylvain Waserman.
Quid des autres solutions?
La priorité pour lui, c'est de rafraîchir les établissements de santé, les Ehpad et les salles de classe avec des "meilleures solutions" que la clim: "Il y a la géothermie et les puits de fraîcheur: ce sont de très bonnes solutions qui nécessitent de l'investissement, du temps et de s'y prendre à l'avance", poursuit le président de l'Ademe qui plaide pour un meilleur isolement des bâtiments publics.
Mais Simon, qui installe des climatisations justement, tient à préciser que la géothermie à elle aussi un coût important: "L'Ademe finance la géothermie mais le prix pour puiser est très élevé. Il faut aller chercher l'eau dans une nappe en profondeur et ça peut coûter des dizaines de milliers d'euros. Il faut aussi vérifier la qualité de l'eau en amont. J'ai un client qui a payé presque 100.000 euros et qui se retrouve avec des problèmes d'argile. Et il doit payer près de 80.000 euros par an pour entretenir le puits".
"Il y a aussi la géothermie via la terre qui coûte moins cher et un puits, cela dure entre 70 et 80 ans", nuance Sylvain Wiserman.
Autre solution, "la nature en ville": "Quand vous avez des arbres en ville, c'est 5 à 6 degrés de moins", défend le président de l'Ademe. Une bonne piste pour tous les candidats, à un an des élections municipales.