Législatives: Johanna Rolland demande aux candidats de droite de "garantir qu'ils ne vont pas aller dans les bras du RN"

Quelle majorité? Absolue ou relative? Et pour qui? A quatre jours du second tour des élections législatives, la future composition de l’Assemblée nationale reste incertaine, jusqu’au verdict des urnes. Selon les calculs de RMC, 218 candidats qui étaient qualifiés après le premier tour se sont désistés, surtout à gauche et dans la majorité présidentielle sortante. "Le front républicain s’est mis en place d’abord à gauche, force est de le constater, souligne Johanna Rolland, maire PS de Nantes, ce mercredi sur RMC. La gauche a été impeccable sur ce sujet, nous n’avons pas hésité. Il ne pouvait pas y avoir de tergiversations."
"Du côté du camp présidentiel, je voudrais saluer celles et ceux qui ont donné des consignes, qui ont essayé d’être à la hauteur du moment, ajoute la n°2 du PS. J’ai entendu les mots de Gabriel Attal, les actes de Stéphane Séjourné. En revanche, je constate qu’Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Aurore Bergé, Christelle Morançais, qui est allée jusqu’à dire qu’elle voterait blanc quel que soit le candidat du Nouveau Front populaire, ne se sont pas montrés à la hauteur du moment historique dans lequel on est."
Le PS craint des discussions entre "une partie de la droite républicaine" et le RN
Si le rapport de force pourrait s’être équilibré avec ces nombreux désistements, Johanna Rolland reste très prudente. "J’entends ici ou là les éditorialistes dire que la majorité absolue du RN est écartée, mais j’aimerais en être sûre, explique-t-elle. On le sait, le deuxième tour amplifie très souvent le premier dans les élections législatives. Je ne suis pas sûre qu’on puisse considérer avec sérieux que ce risque est écarté. Je crois qu’on doit garder la gravité du moment."
Et la maire de Nantes s’interroge sur l’indépendance des membres de LR vis-à-vis du RN, alors que le président contesté du parti de droite Eric Ciotti a fait alliance avec Jordan Bardella avant même le premier tour des législatives. "Vous avez observé que Marine Le Pen a commencé à dire que finalement, même sans majorité absolue, le RN pourrait gouverner, souligne Johanna Rolland. Pourquoi, à votre avis? Au Parti socialiste, la question qu’on se pose, c’est s’il n’y a pas en ce moment des discussions entre une partie de la droite républicaine et le Rassemblement national. Est-ce que dès dimanche soir ou lundi matin, une partie des candidats de droite ne vont pas venir rejoindre le RN? Je pose la question solennellement. J’ai appelé officiellement à voter parfois pour un candidat de droite contre le RN. Je demande à ces hommes à ces femmes s’ils me garantissent que demain, ils ne vont pas aller se jeter dans les bras du RN."
Johanna Rolland: "Mon obsession, c’est que Jordan Bardella ne soit pas le Premier ministre"
Plutôt que le RN ou les macronistes, Johanna Rolland est évidemment favorable à un gouvernement de gauche dans les prochaines semaines. "Je ne pense pas, au moment où on se parle, que Gabriel Attal soit en position de proposer une coalition, estime-t-elle. La majorité présidentielle est en train de perdre, et de manière sévère, ces élections législatives. Il faut respecter les étapes et le vote des Français. Après dimanche soir, pour nous, le sujet sera de prendre nos responsabilités. Mon obsession, c’est que Jordan Bardella ne soit pas le Premier ministre de la République française. Ensuite, si demain nous avons suffisamment de force pour être ce Nouveau Front populaire, cette gauche de responsabilité, celle que j’incarne, avec celles et ceux qui peuvent amener une part de stabilité au pays, alors, sur nos bases, par exemple l’abrogation de la réforme des retraites et de la loi honteuse sur l’asile et l’immigration, il faudra être à la hauteur du moment historique."