Législatives: la gauche discute de l'union, Glucksmann propose Laurent Berger comme futur Premier ministre

Raphaël Glucksmann à Paris le 9 juin 2024 - SAMEER AL-DOUMY / AFP
Fort de ses 13,8% obtenus dimanche aux élections européennes sous la bannière du PS, Raphaël Glucksmann a posé ce lundi 10 juin ses "conditions" à une éventuelle alliance avec le reste de la gauche pour la création d'un "front populaire", au lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée après le triomphe du RN aux européennes.
Sur France 2, l'eurodéputé a exclu de devenir lui-même chef du gouvernement. "Ce ne sera clairement pas Jean-Luc Mélenchon" non plus, a-t-il ajouté, proposant l'ex-secrétaire général de la CFDT Laurent Berger à ce poste en cas de victoire de la gauche les 30 juin et 7 juillet.
Saluant "une figure de la société civile capable d'apaiser", il l'a décrit comme "l'antithèse du président actuel" qui "réconciliera les Français". L'ex-syndicaliste, homme fort de la lutte contre la réforme des retraites, a jusqu'à présent décliné toutes les propositions politiques.
"En tant que tête de liste qui a été nettement en tête à gauche", Raphaël Glucksmann a aussi appelé à "un cap clair: on ne va pas refaire la Nupes", a-t-il affirmé, alors que La France insoumise entend repartir sur la base de cette alliance des principaux partis de gauche qui avait permis en juin 2022 de faire entrer 151 députés à l'Assemblée nationale.
La gauche et son problème appelé "Jean-Luc Mélenchon"
Mais l'attelage a éclaté après plusieurs différends, dont le dernier après le 7 octobre et le refus de LFI de qualifier le Hamas de mouvement "terroriste". L'union à gauche doit tenir compte de "l'inversion des rapports de force" issus du scrutin européen, a insisté l'essayiste, qui a égrainé plusieurs "conditions" pour un accord, tel "un soutien indéfectible à la construction européenne", "à la résistance ukrainienne" et "un rejet de la 'brutalisation' de la vie politique", sujets réputés crispants pour LFI, avec qui il ne cache pas ses profondes divergences.
"Ces conditions doivent être remplies, je n'en changerai pas", a-t-il martelé.
Partis séparés pour le scrutin européen, le PS, les Écologistes, le PCF et LFI se sont réunis en fin d'après-midi au siège des verts pour tenter de trouver un accord malgré une campagne particulièrement violente, et alors que la personnalité et les propos de Jean-Luc Mélenchon, accusé notamment d'ambiguïté sur la question de l'antisémitisme, clivent énormément à gauche.
Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a prévenu lundi matin qu'il ne s'alignerait "pas sur Jean-Luc Mélenchon" comme en 2022. Le chef des socialistes a appelé en revanche à "la constitution d'un front populaire contre l'extrême droite", reprenant une proposition de l'Insoumis François Ruffin.
En ayant recueilli 9,89% des suffrages dimanche, bien loin des 21,95% de Jean-Luc Mélenchon de la présidentielle d'il y a deux ans, les Insoumis n'entendent pas pour autant se ranger derrière une autre ligne que la leur et le programme de la Nupes.
Chez les Écologistes, en déroute pour avoir obtenu 5,5% des voix dimanche aux européennes, la patronne Marine Tondelier a estimé qu'il y avait "besoin de rallumer une flamme de l'espoir pour les électeurs de gauche".
"Honte absolue"
Le numéro un des communistes, Fabien Roussel, a indiqué en début de soirée que les négociations avançaient mais que Raphaël Glucksmann "parlait en son nom propre" concernant Laurent Berger.
Avant l'intervention de Raphaël Glucksmann, le coordinateur des insoumis, Manuel Bompard, avait affirmé que "notre responsabilité, c'est de trouver le chemin de l'union", appelant ses partenaires à "tenir compte de la force qui s'est matérialisée" aux européennes, notamment dans les villes et les quartiers populaires.
Olivier Faure entend pour sa part associer à ce "front" la société civile et les syndicats, pour "faire quelque chose d'inédit" et "pas une réédition" de la Nupes. Une poignée d'étudiants de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont manifesté devant le siège avec des pancartes: "on ne sauve pas la République avec des antisémites".
Plus tôt, le président du Crif Yonathan Arfi avait jugé sur X qu'envisager une alliance avec LFI était "une honte absolue".
Le député François Ruffin, qui entretient des divergences avec la direction LFI, à l'initiative d'un 'front populaire', a lancé un site internet du même nom pour collecter les signatures des partisans d'une union de la gauche. Plusieurs élus de l'ancienne Nupes ont déjà signé.