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Législatives: pourquoi le camp présidentiel a choisi de s'effacer dans 65 circonscriptions

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Après la fin des dépôts de candidatures aux législatives, la majorité présidentielle sortante assume de ne pas présenter des candidats partout. Le camp d'Emmanuel Macron sera absent dans 65 circonscriptions.

Le camp présidentiel n'a pas de candidats partout pour les législatives. Dans 65 circonscriptions, la majorité sortante a choisi de s’effacer pour éviter l’éparpillement des voix. Ce sont principalement des circonscriptions tenues par la droite, des députés sortants LR qui n’ont pas suivi Éric Ciotti vers le RN, comme le président du groupe à l’Assemblée Olivier Marleix, Philippe Juvin dans les Hauts-de-Seine ou encore Julien Dive, un proche de Xavier Bertrand, dans l'Aisne, et Michèle Tabarot dans les Alpes-Maritimes.

Ils n’auront pas de candidats macronistes contre eux, tout comme une vingtaine de candidats de gauche, hors LFI: le patron du PS Olivier Faure et celui du PCF Fabien Roussel, menacé par le RN dans le Nord, auront aussi le champ libre pour affronter le RN, ainsi que François Hollande, ménagé "au nom du respect de son ancienne fonction", dit-on dans la majorité.

"Vote utile" dès le premier tour des législatives

"Notre enjeu, c’est d’être le vote utile dès le premier tour, explique un proche d’Emmanuel Macron. Là où on ne peut pas l’être, on se désiste, pour laisser le candidat du bloc républicain." Et constituer ce front républicain, donc, dès le premier tour.

La stratégie a été peaufinée à l’Elysée, où Emmanuel Macron a reçu ce dimanche les chefs de sa majorité. Le camp présidentiel veut croire à une dynamique de mobilisation sur ce créneau du "vote utile", avec un argument: éviter de devoir choisir entre deux extrêmes.

"L’objectif, c’est de créer une nouvelle majorité parlementaire, a affirmé l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (Horizons) sur RMC-BFMTV. Dans une soixantaine de circonscription, les résultats et la situation laissent penser qu’il y a un candidat du bloc central qui a plus de chances de gagner." Il invite les électeurs à "choisir toujours le candidat le plus républicain, le plus démocrate".

L'opinion va-t-elle suivre?

La majorité sortante absente dans 65 circonscriptions, "c’est énorme" pour Anne-Charlène Bezzina, politologue et constitutionnaliste. "C’est une logique qu’on ne peut pas forcément comprendre en termes de mobilisation, souligne-t-elle. Quand le président prend la parole, il fait de ces élections quelque chose de très théâtral et on a le sentiment qu’il veut élargir sa base, qu’il veut une majorité renforcée, faire comprendre qu’il est le seul parti de l’unité et de l’ordre."

"Donc comment expliquer que ce parti s’efface de lui-même? Il y a une logique qui a été défendue dès le dimanche soir (annonce de la dissolution, NDLR), qui est dire qu’on va choisir nos adversaires en quelque sorte et qu’on ne va pas présenter de candidats face à ceux qu’on estime faire partie de l’arc républicain, ajoute Anne-Charlène Bezzina. Mais la question, c’est: est-ce que cette idée de l’arc républicain imprime encore dans l’électorat? Est-ce que l’opinion va suivre toute cette logique qui est quand même un peu théâtrale?"

LP avec Sébastien Krebs