"Les habitants n'en peuvent plus": les maires du Pas-de-Calais désemparés face à la crise migratoire

Bruno Retailleau est arrivé jeudi soir dans le Pas-de-Calais. Le ministre de l'Intérieur est en déplacement sur la Côte d'Opale ce vendredi afin d'échanger avec les élus locaux sur la crise migratoire.
Au moins 72 migrants sont morts en tentant de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre depuis le début de l'année. C'est le 22e ministre de l’Intérieur à se rendre dans le département pour parler de la crise migratoire en 20 ans. Désormais, les maires attendent des solutions.
Des maires désemparés
Dans le secteur, les maires vivent au quotidien le flux migratoire vers l'Angleterre. Sony Clinquart, maire (SE) de Grand-Fort-Philippe, a été appelé en mars pour reconnaître un corps d’un migrant noyé en tentant la traversée. "Il y avait sa pièce d'identité à côté de lui (...) et j'ai regardé, j'ai vu que c'était son anniversaire", raconte l'élu.
La crise migratoire s’est étendue aussi à la commune du Dunkerque ces derniers mois. Et les factures se sont multipliées :
"Du mobilier urbain cassé, abîmé, des voitures abîmées aussi... puis tous les deux jours nous devons nettoyer les zones de passage. Tout ça, c'est à la charge de la commune et de la collectivité", continue Sony Clinquart.
A quelques kilomètres, à Sangatte Blériot-Plage, on connaît aussi la crise migratoire. Chaque année, des centaines de tentatives de traversée débutent ici. Et ce malgré de nombreux moyens déployés en 20 ans : "Mais malheureusement tout ce qui a été mis en place n'a servi à rien", témoigne son maire, Guy Allemand.
Pour Guy Allemand, le mari de Blériot, il n’y a plus qu’une solution pour éviter les morts en mer : "si on pouvait neutraliser les traverser et éviter les risques en trouvant un moyen légal, on éviterait la surenchère des passeurs (...) et on éviterait des decès".
"Les habitants n'en peuvent plus"
Natacha Bouchart, la maire de Calais, espère que ce déplacement débouche sur des changements. "Il faut que le ministre, ayant pris la mesure des choses, aille négocier avec pugnacité et forte détermination, parce que les habitants n'en peuvent plus", demande-t-elle.
La maire pointe les difficiles négociations avec le Royaume-Uni : "Le problème a toujours été à Londres. Le gouvernement britannique ne sait pas négocier. Il faut quasiment aller à la rupture pour obtenir quelque chose", ajoute-t-elle, en ajoutant qu'il faut "forcer la main au gouvernement britannique et à l'Union européenne".
"On ne peut pas continuer les trafics humains s'organiser sur nos territoires pour envoyer des pauvres gens à la mort", continue-t-elle. Le collectif des maires, créé par la maire de Calais il y a quelques semaines, a fait quelques "propositions fortes" pour sortir de "cette impasse", assure-t-elle.
Bruno Retailleau est attendu à 12h20 à la mairie d'Ambleteuse pour un déjeuner avec les élus, avant un point presse pour évoquer la situation sur la crise migratoire dans la Manche.