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Loi immigration: "Il va falloir accepter de régulariser pendant quelques années" lance Olivia Grégoire

Ministre chargée notamment du Tourisme et des PME, Olivia Grégoire présentait les détails du plan "saisonniers" du gouvernement ce vendredi dans "Les Grandes Gueules" sur RMC. Rappelant qu'une mesure cruciale pour pallier à la pénurie de main d'oeuvre se situait dans la prochaine loi immigration à venir.

"Plus d'un patron de PME sur deux a peur d'une chose: le manque de main-d'oeuvre". La ministre déléguée, chargée notamment du Tourisme et des PME, Olivia Grégoire, insite sur le manque de bras en France. Le gouvernement a élaboré en ce sens un plan gouvernemental présenté ce mercredi pour tenter de pallier à ce problème devenu récurrent de pénurie de saisonniers.

Mais, invitée des "Grandes Gueules" ce vendredi sur RMC et RMC Story, Olivia Grégoire élargit au problème de l'emploi dans son ensemble dans les métiers en tension, et assure compter beaucoup sur la prochaine loi immigration à venir pour pallier aux besoins des entreprises.

Problème, la majorité a besoin d'un accord avec d'autres forces politiques pour obtenir une majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat, et se penche ainsi du côté des Républicains. Gérald Darmanin a tendu la main à ses anciens camarades de LR dans une interview accordée au Parisien dimanche dernier assurant qu'il n'y a "aucun tabou" pour travailler avec eux sur la question.

Au ministère de l'Intérieur, on se dit ouvert à durcir drastiquement les régularisations d'étrangers dans les métiers en tension. Comme une main tendue aux Républicains, plutôt réfractaire aux régularisations d'étrangers. Ces régularisations ne concerneraient plus que "quelques milliers" d'étrangers par an. Loin des 30.000 dans le projet initial. Des concessions que le monde de la restauration ne voit pas forcément d'un bon oeil.

"Des boîtes qui vont fermer" sans visa spécifique

Olivia Grégoire estime toutefois que cette question est cruciale pour pallier au manque de bras dans le pays, et qualifie de "tambouille de politique" les discussions avec LR.

"Il faudra prendre toutes les mesures pour casser toutes les âneries qu'on peut entendre par rapport au projet de loi immigration. Si on ne trouve pas de bras, oui, il va falloir accepter pendant quelques années de régulariser des gens, les couvrir, pour que vous puissiez bosser. Là-dessus, je ne changerai pas", insiste-t-elle, assurant que l'équipe gouvernementale est soudée sur cette question.

"J'ai passé seize heures avec Olivier Dussopt, je connais bien Gérald Darmanin, on travaille ensemble, il n'y a pas l'ombre d'une friction entre nous pour porter cette partie du texte", assure-t-elle.

"C'est simple. Si dans six mois, huit mois, on ne permet pas aux petits patrons de trouver des salariés, saisonniers ou plus longtemps, avec un visa spécifique pour les métiers sous tension, nous aurons des boîtes qui vont fermer. Je veux bien la tambouille, les considérations politiques... La réalité, c'est que si on aime nos PME, il faut leur permettre d'avoir des salariés", tranche-t-elle.

Un visa limité dans le temps

Concrètement, cela prendra donc la forme d'un "visa métiers sous tension" qui sera "borné dans le temps" explique Olivia Grégoire. "Ça peut durer 1-2-3 ans. Quand on parle de régulariser, on réveille les fantasmes de l'extrême droite, c'est ce que je cherche à éviter. C'est un visa où on est protégé pour pouvoir travailler", explique-t-elle, "le temps qu'on forme plus de salariés" en France.

"Il ne faut pas mettre de lunettes morales, il faut avoir des lunettes concrètes, on pallie avec ceux qui sont là et qui bossent", illustre-t-elle

"C’est quand même une assez bonne nouvelle pour notre pays qu’on ait besoin de salariés plutôt que l’inverse. On me disait pendant 25 ans qu'on ne trouvait pas de boulot. Je préfère ce problème-là quitte à choisir", conclut-elle.

James Abbott