Naturalisée française, elle vote pour la première fois à une présidentielle: "j'ai tellement attendu"

- - Philippe Huguen - AFP
Myriam est née au Rwanda. Elle a survécu au génocide des Tutsis en 1994 (qui a fait 800.000 morts). Elle est arrivée en 2000 en France, à l'âge de 21 ans. Naturalisée depuis novembre 2014, c'est la première fois qu'elle va pouvoir voter pour la présidentielle.
"J'étais vraiment pressée que la présidentielle arrive. Jusqu'à maintenant, j'avais tellement envie de voter que lors des précédentes élections j'accompagnais ceux qui se rendaient aux urnes. Je faisais pression sur eux et sur mon compagnon pour qu'ils votent pour les candidats que je préférais. C'est vous dire si j'étais frustrée de ne pas voter! Alors là, je suis particulièrement impatiente à l'idée de pouvoir m'exprimer.
Pour autant, je suis comme beaucoup de gens, assez indécise. Vais-je voter par conviction, ou vais-je privilégier le vote utile? Je pense quand même que pour ma première présidentielle je vais m'autoriser le vote de conviction.
"J'étais frustrée de ne pas voter"
Ce n'est pas imaginable que je ne puisse pas voter, j'ai tellement attendu. C'est le moment où on a un petit pouvoir. Voter, ça me paraît naturel et indispensable. Ce n'est pas imaginable de ne pas voter. Je voudrais qu'on me demande plus souvent mon avis. J'ai vécu un an en Suisse, et j'ai adoré le concept des votations suisses.
Je viens d'un pays où pendant des années il y avait au pouvoir un parti unique et un président élu à 99%. A la radio, on entendait des chants de propagande pour voter pour le candidat unique. Tout ça me fait dire que c'est une chance, un privilège d'avoir accès à une vraie présidentielle en France.
"Je comprends qu'il y ait des gens en colère"
Pour faire mon choix, j'ai énormément regardé les programmes des candidats en matière de politique internationale. On ne peut plus fermer les yeux sur ce qui se passe dans le monde et faire une politique intérieure sans prendre en considération les conflits dans le monde, sans partager les richesses.
Pour autant, je peux comprendre certains abstentionnistes. On est habitué en France à ce que les personnes qui accèdent au pouvoir fassent rarement ce qu'ils ont promis de faire. C'est normal que des gens, dans des situations précaires, ne voient pas l'élection comme une priorité puisqu'ils n'y voient pas une façon de changer leur situation. C'est pour cela que j'espère que la personne qui sera élue fera des choses vraiment profitables au peuple et aux plus démunis. Je comprends qu'il y ait des personnes qui soient en colère. Quand on se demande comment on va payer son loyer, on ne se préoccupe pas de la présidentielle."