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Période de "campagne officielle": ce qui change avant l'élection présidentielle

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On est entré ce lundi matin dans la période de la campagne officielle, celle des deux dernières semaines avant le premier tour de la présidentielle. Avec des règles très strictes pour assurer l’égalité entre les candidats.

Ça ne rigole plus à partir de ce lundi matin. Les douze candidats à la présidentielle doivent désormais être traités de façon égale. Ils sont présents désormais sur les panneaux d’affichage devant tous les bureaux de vote de France, selon un ordre établi par un tirage au sort. A partir de ce lundi matin aussi, les professions de foi des douze candidats sont envoyées par La Poste à tous les électeurs.

C’est donc ce lundi le début de ce que l’on appelle la "campagne officielle". C'est-à-dire la diffusion sur les chaînes publiques des clips de campagne des candidats, diffusés selon un ordre de passage déterminé aussi par un tirage au sort.

Quelle différence entre équité et égalité de temps de parole?

A partir de ce lundi, c’est surtout l’égalité du temps de parole sur toutes les chaînes de télé et sur toutes les radios. On sort de la période d’équité pour entrer dans la période d’égalité.

L’équité, c'était de donner la parole à tout le monde mais en tenant compte du poids politique de chacun. Estimé par les chaînes de télé elles-mêmes, en fonction des sondages, mais aussi de la taille des groupes parlementaires ou des résultats aux dernières élections. Tout cela est assez subjectif et c’est la raison pour laquelle, des candidats comme Nicolas Dupont-Aignan ou Jean Lassalle ont pu contester et protester contre le temps trop faible qui leur était accordé.

A partir de ce lundi, c’est fini. Les règles sont simplissimes. Quand vous donnez une minute de temps de parole à un candidat, vous devez donner une minute aux onze autres. Cela vaut pour les candidats, comme pour leurs soutiens. Si un auditeur de RMC dit à l’antenne pour qui il va voter, son temps de parole sera décompté. Tout comme un militant interrogé à la sortie d’un meeting, ou bien n’importe quelle personnalité qui a pris publiquement position pour un candidat. Tout est compté.

Autre règle: ces temps de parole doivent être calculés dans la même tranche horaire. Plus question de diffuser certains meetings en prime time et d'autres la nuit. La journée est divisée en quatre tranches, matin, journée, soir et nuit. Et l’égalité doit être obtenue au sein de chacune de ses tranches.

Egalité aussi de "temps d'antenne"

Mais il n’y a pas que le temps de parole, il faut aussi respecter l’égalité du temps d’antenne. C’est lorsque nous, les commentateurs, nous parlons des candidats. Si je consacre une minute au programme d’un candidat, il faudra que je parle une minute du programme des onze autres.

Mais avec des exceptions. Si je parle de plusieurs candidats ça s’annule. Si par exemple je vous dis que dimanche, Eric Zemmour était en meeting au Trocadéro, Jean-Luc Mélenchon à Marseille et Yannick Jadot à La Villette , ça ne compte pas. Et si par exemple je vous donne un sondage, je ne suis pas obligé de consacrer un commentaire de longueur égale à chacun des douze candidats.

Autre exception, si je dis du mal d’un candidat, ça ne compte pas. Les commentaires défavorables ne sont pas comptabilisés. Par exemple, il y a cinq ans, tous les commentaires sur les costumes de François Fillon n’étaient pas comptabilisés dans son temps d’antenne. Heureusement pour lui.

Les règles les plus strictes d'Europe

Ces règles sur l’égalité du temps de parole sont une spécificité française. En tous cas, elles sont les plus strictes d'Europe. Et la France est le seul pays où l'on surveille les temps de parole toute l’année. Pas seulement en période électorale.

Cela vient du temps de l’ORTF. En France, les télévisions ont longtemps été contrôlées par l'État. En contrepartie, on avait donné des garanties à l'opposition sur son temps de parole. Aujourd’hui, tout cela peut sembler un peu désuet, à l'heure des réseaux sociaux où aucune règle ne s’applique. Mais c’est comme ça, et cela ne dure que quelques semaines, une fois tous les cinq ans.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)