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Présidentielle: comment expliquer le passage à vide d'Eric Zemmour?

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Rien ne va plus pour Eric Zemmour. Depuis le début de la guerre en Ukraine et ses prises de position sur les réfugiés, le candidat d'extrême droite baisse dans les sondages.

Eric Zemmour est confronté à un passage à vide. La possibilité d’accéder au second tour semble s’éloigner pour le candidat de "Reconquête". Malgré les meetings, qui rassemblent toujours autant de monde, les courbes baissent. Elles sont scrutées de près par Eric Zemmour lui-même. Il est désormais autour de 12%, loin derrière Emmanuel Macron et Marine le Pen, et parfois même doublé par Jean-Luc Mélenchon.

Officiellement, ses stratèges ne s’inquiètent pas. "C'est l'air du temps", dit l’un d’eux à RMC. Mais en fait, en regardant de plus près, on s'aperçoit qu'Eric Zemmour décroche depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

Au début, contrairement à tous les autres candidats, il a tenu une position très dure sur l’accueil des réfugiés en France: "L'homme d'Etat, c'est celui qui voit plus loin que l'émotion. J'assume", lançait-il en assurant être contre l'accueil de réfugiés ukrainiens.

Mais depuis il est revenu sur ses propos à Toulon dimanche dernier: "Pour ceux des Ukrainiens qui préféreraient venir en France, il faut les accueillir le temps que les bombardements cessent". Un changement de pied expliqué par un soutien: "Il fallait mettre de l’humanité. On s’est rendu compte que son message initial est mal passé".

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"Il y a un problème"

Pourtant, depuis, les sondages ne s’inversent pas. Depuis le début de la campagne, Eric Zemmour a décidé d’assumer tous ses propos, de ne jamais se dédire… Là, c’est la première fois qu’il change de discours. Un proche le reconnaît: "Cette fois-ci, j’ai le sentiment qu’il y a un problème".

Pour se relancer, Eric Zemmour débat ce jeudi soir face à Valérie Pécresse, la candidate Les Républicains. Une heure de face à face… Et une question: qui va gagner ? Le président de la région Sud – qui soutient désormais Emmanuel Macron - connaît bien la présidente de l’Île-de-France. Et il ne donne pas cher de sa peau: "Il y a un truc qu'il ne faut pas faire. C'est se présenter face à un polémiste qui fait ça tous les jours depuis dix ans à la télévision. C'est comme mettre un étudiant en médecine face à un neurochirurgien. Elle va se faire massacrer", a lancé Renaud Muselier sur Sud Radio.

Pourtant, pas d’excès de confiance dans les rangs zemmouristes. "Eric doit être prudent. Valérie Pécresse n’a rien à perdre", prévient un de ses amis. Les deux candidats ont reçu toutes une série de fiches. La candidate Les Républicains veut l’attaquer sur l’économie notamment. "Il n’y comprend rien", croit savoir un élu qui la soutient.

Un grand meeting au Trocadéro

Eric Zemmour, lui, veut demander des clarifications, notamment sur la notion de grand remplacement dont elle a parlé en meeting. Et Eric Zemmour prépare déjà la dernière ligne droite de sa campagne. Avec en ligne de mire, le gros meeting du dimanche 27 mars au Trocadéro à Paris. Objectif de ses amis: "impressionner et rouler des mécaniques".

Et dans le camp de Marine Le Pen, on observe tout ça de près. "C’est un lieu pour les perdants ! Nicolas Sarkozy et François Fillon y étaient allés, on connaît le résultat", s’amuse un membre du RN.

Et puis les équipes d’Eric Zemmour se méfient surtout des 15 derniers jours de campagne. Egalité parfaite de temps de parole dans les médias. Alors pour exister, elles préparent un coup. Comme sur le modèle de Nicolas Sarkozy en 2007 quand il s’était fait photographier sur un cheval en Camargue, une photo devenue culte, sans brûler une seconde de temps de parole.

En tout cas, une des très proches d’Eric Zemmour prévient: "S’il perd, il aura un méga blues".

Du blues, il y en a aussi dans l’équipe de Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat Debout la France peine à exister. Son service de communication se lâche: "Quoi que l’on fasse, tout le monde s’en fout de nous, et même si on voulait faire le buzz, les médias ne se déplaceraient pas".

Entre Marine Le Pen et Éric Zemmour, difficile de trouver un créneau, et avec 12 candidats le temps de parole est restreint. Alors Nicolas Dupont-Aignan fait campagne en vidéo sur Facebook, fort de ses 450.000 abonnés.

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Cyprien Pezeril