Réforme des retraites: François Bayrou veut un retour à l'équilibre financier d'ici 2030

Ils ont trois mois pour améliorer la réforme des retraites. À la demande du Premier ministre, les partenaires sociaux se retrouvent ce jeudi après-midi pour entamer un cercle de discussions visant à aboutir à un accord.
L'objectif de cette "délégation permanente" est de rapprocher les positions des syndicats, qui souhaitent mieux prendre en compte la pénibilité et les carrières hachées, et du patronat, qui martèle qu'il faut travailler plus longtemps, alors que le déficit du système va s'aggraver dans les prochaines années.
Mais avant même le début des discussions, l'exécutif sort déjà de son rôle d'observateur. François Bayrou a adressé une lettre de cadrage mercredi soir.
François Bayrou le répète, il n'y a ni totem, ni tabou. Les négociations, auxquelles le gouvernement ne participe pas, sont libres. Mais en réalité, le Premier ministre fixe bien un cadre: le retour à l'équilibre financier du système dès 2030. Ce qui balise les échanges, pousse à trouver de nouvelles économies et rend impossible ou presque, tout abandon de la retraite à 64 ans. "Ils espèrent surtout un deal sur la pénibilité" croit aussi savoir un député.
Abroger la réforme de 2023, possible?
Au-delà du conclave, l'exécutif est déjà en quête d'une étroite voie de passage politique. François Bayrou s'est engagé à présenter les conclusions des discussions devant le Parlement avec le risque que gauche et RN ne soient pas satisfaits et censurent. Un ministre, pessimiste, serre les dents " Il est fort probable qu'on se prenne une balle à ce moment-là", estime-t-il.
Malgré ces ultimatums fixés par le Premier ministre, les partenaires sociaux partent d'une feuille blanche. Plusieurs syndicats comme Force ouvrière et son négociateur Michel Beaugas ont un objectif: abroger la réforme de 2023.
“Si on y va, c’est pour ça. Pour obtenir du gouvernement qu’il puisse abaisser de nouveau vers 62 ans, l’âge de départ à la retraite”, explique-t-il.
Le patronat plaide pour une heure supplémentaire par semaine
Abaisser l'âge de départ coûterait plusieurs milliards d'euros au système déjà déficitaire, mais selon Michel Beaugas les solutions de financement existent. “170 milliards d’aides et d’exonération de cotisation de nos entreprises sans aucune contre-partie. Je vous équilibre le régime des retraites assez facilement dans ce cadre-là”, pointe-t-il.
Le problème, c'est que le patronat refuse d'entendre parler d'une hausse du coût du travail et plaide plutôt pour introduire une dose de capitalisation dans le système de retraite.
“Nous ce qu’on propose, c’est de travailler une heure de plus par semaine par exemple pour financer sa propre retraite en complément du système par répartition. Cette heure supplémentaire, elle sera placée sur un compte individuel et le salarié quand il part à la retraite, il a son complément”, plaide Amir Reza Tofighi, le nouveau président de la confédération des PME.
En cas d'accord à l'issue des trois mois de discussions, le texte sera soumis au Parlement.