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Retraites: après le 49.3, les motions de censure ont-elles une chance d'aboutir?

Trois motions de censure pourraient être déposées ce vendredi à l'Assemblée, au lendemain du passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites: celles de la Nupes et du RN, ainsi qu'une autre, transpartisane, portée par le groupe LIOT. Mais pour qu'une d'entre elles soit adoptée, il faut qu'elle réunisse 287 voix de députés.

Si l'utilisation de l'article 49-3 sur la réforme des retraites permet l'adoption du texte sans vote, il expose en revanche le gouvernement d'Elisabeth Borne à une motion de censure. Plusieurs groupes de l'Assemblée ont annoncé ce jeudi, dans la foulée du choix de la Première ministre, leur intention de sanctionner le gouvernement.

Pour qu'une motion de censure soit adoptée, il faut réunir au moins 287 voix de députés. Dans une telle situation, le gouvernement d'Élisabeth Borne devrait démissionner et la réforme des retraites serait rejetée.

Pour le moment, aucune motion de censure n'a encore été officiellement déposée à l'Assemblée nationale. Mais les différents groupes ont jusqu'à 15h ce vendredi pour les déposer. Et il devrait y en avoir au moins trois. D'abord celle du RN. Marine Le Pen a annoncé dès jeudi après-midi une motion de censure de son groupe.

Une autre motion, transpartisane et portée par le petit groupe indépendant Liot, est attendue. Les députés de la Nupes devraient s'associer à cette initiative en signant le texte et quelques députés Les Républicains pourraient même ajouter leur signature. Pourtant, le président des Républicains Eric Ciotti a indiqué que les LR ne voteront "aucune motion de censure". Mais plusieurs députés de droite se sont pourtant dits prêts à voter pour renverser le gouvernement.

Des députés LR vont-ils voter une motion de censure?

Invitée ce vendredi matin sur RMC, Raquel Garrido, députée LFI-Nupes de Seine-Saint-Denis, a indiqué que son groupe allait lui-aussi déposer une motion de censure.

"C’est le seul outil constitutionnel qui nous reste. Cela dit, ça ne remplacera pas un vote sur le texte car la question posée n’est pas la même", a-t-elle affirmé.  

Elle a également assuré qu'elle voterait en faveur de la motion de censure du groupe Liot. "Bien sûr, je la voterai et j’aspire à ce qu’elle soit votée le plus largement possible. J’invite les députés LR à le faire. Il y a des députés LR qui viennent de mettre en difficulté le gouvernement. Je ne comprendrais pas que le jeudi, ils mettent gravement en difficulté le gouvernement, pour expliquer le lundi que le gouvernement doit continuer. Pourquoi fragiliser Elisabeth Borne le jeudi pour ensuite venir sauver le soldat Elisabeth Borne le lundi? Il faut aller jusqu’au bout. Le gouvernement n’est plus à même de gouverner. L’échec de ce 49.3 est trop grave. Il provoque des choses dans le pays", a-t-elle appuyé.

De son côté, le leader de la France Insoumise a indiqué le contraire ce vendredi matin sur France Inter. "Nous avons décidé de donner les plus grandes chances possibles à la censure et donc de retirer notre propre motion de censure au profit de la motion de LIOT. Ca a été décidé hier soir par le groupe car ce sont des décisions qui dépendent du groupe parlementaire", a-t-il affirmé.

Une sortie qui a été raillée par le ministre du Travail, Olivier Dussopt, invité face à Apolline de Malherbe.

"Ce n'est pas la France Insoumise qui l'a annoncé c'est monsieur Mélenchon. Et donc on est dans une situation assez fantastique où monsieur Mélenchon, qui n'est pas député, décide de ce que vont faire les députés de LFI, du PS, des Verts, du Parti communiste. Il est légitime à parler pour LFI mais je suis assez frappé de voir que quelqu'un qui n'est pas député décide pour les autres", expliquait-il.

Ces motions devraient être examinées lundi. Et c'est la motion transpartisane qui a le plus de chances d'obtenir une majorité de voix, en agrégeant les votes venus de toute l'opposition. La mission s'annonce tout de même ardue. Pour être adoptée, une motion doit réunir 287 voix. Soit l'intégralité de la Nupes, du RN, de Liot et au moins 30 députés LR. Et à ce stade, il manque une vingtaine de voix de députés de droite.

Romain Cluzel avec Guillaume Descours