Retraites: les sénateurs de gauche s’activent pour éviter de répéter la zizanie de l’Assemblée

Le fond ! Le fond ! Le fond ! Et pas “d’obstruction imbécile” ! Voilà ce que répètent, à l’envi, les sénateurs socialistes notamment. Afin de prendre le contrepied de leurs collègues députés de la Nupes, il est clair que tout est déjà millimétré en amont des débats côté Sénat pour l’arrivée du texte portant sur la réforme des retraites.
Les débats n’ont pas encore commencé que mardi, les trois chefs de file de gauche, PS, écolo et communiste, se sont réunis en visio pour aborder les jours à venir. D’ailleurs, il s’agissait déjà de la troisième réunion de ce genre. Et qu’est ce qui en est ressorti ?
D’abord, un consensus sur la méthode : “une coordination presque jamais vue entre les trois groupes”, confie même une sénatrice socialiste. Les parlementaires se sont d'ailleurs accordés, il n’y aura pas plus de 1000 à 1500 amendements pour toute la gauche réunie, soit un nombre plus de dix fois inférieur comparé à leurs collègues de l’Assemblée !
Il est aussi déjà prévu que les sénateurs et les sénatrices fassent des points très réguliers pendant l’examen, en pause déjeuner ou dîner, toujours pour éviter les couacs. Leur objectif est totalement clair : ils veulent aller jusqu’à l’examen du fameux article 7, celui sur le report de l’âge légal à la retraite. Précisément ce que la Nupes avait empêché à l’Assemblée
"L'occasion de montrer le style Sénat"
La Nupes, justement, n’est pas présente au Sénat. Plus précisément, il n’y a pas de sénateurs de la France insoumise au sein de la Chambre haute du Parlement. Alors, forcément, le dernier communiqué du conseil politique de LFI a particulièrement irrité les trois groupes de gauche au Sénat : PS, communistes, écologistes.
Dans ce communiqué, LFI appelle solennellement les “sénatrices et sénateurs de la Nupes à tout faire pour empêcher l’adoption de la réforme”. Dans les rangs du PS, on rétorque qu’il “faut arrêter de penser qu’ils (les Insoumis) sont le parti de dominant”. Bien sûr, les sénateurs de gauche sont favorables à l’idée de s’opposer à la réforme, mais ils rappellent en revanche qu’ils n’ont “aucune leçon à recevoir de LFI”.
Plus globalement, les sénateurs veulent aussi en profiter pour montrer qu’ils sont utiles. De l’aveu d’un sénateur écologiste, “il y a toujours eu cette rivalité entre Assemblée nationale et Sénat”. Alors oui, c’est “l’occasion, dit-il, de montrer ce qu’est le style Sénat”. Entendez par là des débats apaisés, avec “derrière chaque opposition, une proposition”.
Une sénatrice socialiste, de son côté, se veut plus modeste. “Nous n’avons rien demandé, mais le spectacle de l’Assemblée met un coup de projecteur sur le Sénat”, estime cette parlementaire.
C’est assez rare, sauf peut-être, dit-elle, lors de l’affaire Benalla. À cette époque, la commission d’enquête du Sénat avait été particulièrement suivie par le grand public. Alors parler de fond, c’est oui, mais les sénateurs seront toujours rattrapés par la politique politicienne. Un sénateur communiste anticipe qu’il “va falloir s’attendre à un jeu entre l’opposition sénatoriale de gauche et la majorité à droite”. Avec des sénateurs LR, partisans de la réforme macroniste et qui, règles du Sénat obligent, pourraient accélérer l’examen total du texte et le soumettre au vote.