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"On passe pour des peintres": la stratégie de la "bordélisation" ne fait pas l'unanimité à la Nupes

Les débats autour de la réforme des retraites ne se déroulent pas dans un climat apaisé. La faute en partie à certains députés insoumis, qui n'hésitent pas à perturber les discussions et qui l'assument.

Depuis une semaine, La France insoumise est accusée de "bordéliser" l’Assemblée nationale en plein débat sur la réforme des retraites. Une stratégie qui fait débat, même en interne.

Jeudi matin, les députés insoumis se sont réunis et il a largement été question de cette "bordélisation". Preuve que certains s’inquiètent de l’image renvoyée auprès de l’opinion. D’un côté, il y a les jusqu'au-boutistes. "On assume la bataille de tranchées", confie un député insoumis. Et de l’autre, les cadres LFI, qui tentent tant bien que mal de tenir les plus radicaux.

Des députés, plus expérimentés, agacés par les dernières séquences en date. Une élue de leurs rangs qui traite l’exécutif de "monstres" ou le député Thomas Portes qui s’affiche avec un ballon au pied, à l’effigie du ministre Olivier Dusspot, en première ligne sur les retraites... "On doit surtout réussir à éviter ce genre de micro-séquences courtes qui nous décrédibilisent", alerte un cadre LFI.

"La France insoumise, c'est la révolution dans la rue et l'Île aux enfants dans l'hémicycle"

Qu’en disent les alliés de LFI? Il y a bien ce socialiste rompu à l’exercice parlementaire qui reconnait qu’"il faut une part de théâtralité dans les débats", "des moments chauds" pour que la presse en parle. Mais c’est loin de faire l’unanimité. Une députée écologiste trouve ça "désolant, pas à la hauteur d’un débat si important". Pour un autre élu d’Europe Ecologie-Les Verts, la séquence du ballon de Thomas Portes, "c’est tout le contraire des consignes qui ont été passées". Un élu socialiste est désespéré: "On passe pour des peintres. Aujourd'hui, les gens ont plus peur de nous que du RN".

Et finalement, la majorité et l’exécutif ne sont pas surpris. Un député macroniste tente de s’en amuser: "La France insoumise, c'est la révolution dans la rue et l'Île aux enfants dans l'hémicycle". Mais côté exécutif, on est beaucoup plus agacé par cette bordélisation que Gérald Darmanin avait anticipée. "Ils veulent le KO", regrette un autre ministre frappé par la violence des propos des Insoumis.

Il évoque "des appels à la haine, des atteintes à la cohésion nationale". La Première ministre aimerait, elle, que les débats soient de meilleure tenue dans l’hémicycle. Même un leader syndical est cinglant: cette stratégie, "c’est indigne".

Hélène Terzian