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Réforme des retraites: les habitants des quartiers populaires se mobilisent-ils moins?

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Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites marque un petit temps d’arrêt avant la grande journée de mobilisation du 7 mars, un constat pose question : les habitants de secteurs considérés comme des quartiers populaires seraient moins présents dans les cortèges. Pourquoi une telle absence?

La mobilisation contre la réforme des retraites bat son plein, malgré une petite pause accordée aux opposants du projet mené par le gouvernement pendant les vacances scolaires. Des millions de personnes ont défilé jusqu'ici dans la rue selon les chiffres de la CGT donnés lors de chaque rassemblemen, et ce devrait être encore le cas lors de la prochaine journée de mobilisation nationale prévue le 7 mars prochain.  

Mais dans les cortèges, relativement peu d'habitants de quartiers populaires sont présents pour clamer leur mécontentement. Pourtant, ici et là, des élus tiennent des meetings pour tenter de convaincre toujours plus de citoyens à se rallier à leur cause. 

À Bobigny (Seine-Saint-Denis) par exemple, des parlementaires de la Nupes, dont plusieurs députés LFI, ont tenu un meeting à la Bourse du travail jeudi dernier, le soir même de la cinquième manifestation parisienne contre le projet de réforme des retraites, où près de 500 personnes sont venues participer à ce rassemblement populaire. 

L'aspect financier en première ligne

Un peu plus au Sud de Paris, dans le quartier des Joncs-Marins à Fleury-Mérogis (Essonne), Charlène, une infirmière de 34 ans, aimerait manifester. Mais pour cette maman d'un petit garçon, “aller manifester ce n’est pas possible”. Elle poursuit : “il va falloir trouver quelqu’un pour le garder, mais le faire garder ça veut dire dépenser de l’argent. De l’argent que je n’ai pas”. 

À 56 et 32 ans, Valérie et Thaïs, habitantes de ce quartier où le taux de pauvreté est estimé à 20% et le taux de chômage à 13,4%, n'ont pas les moyens de se mettre en grève. Auxiliaire de vie et cuisinière, cette mère et sa fille sont fatiguées... et fatalistes. 

“On est plus réservés, on est plus dans nos coins, on est plus à l’écart. Ici on pense que ça ne sert à rien (de manifester)”, explique Thaïs, qui occupe le métier de cuisinière. Pour sa mère, Valérie, “ce n’est pas leur habitude, ce n’est pas dans la culture de la banlieue” de se mettre en grève, estime-t-elle. 

La fin du mois avant la fin de carrière?

De son côté, la ville de Fleury-Mérogis tente de mettre la main à la pâte pour accentuer la mobilisation de ses habitants. Par exemple, les jours de manifestation, des bus sont mis à disposition pour inciter les Floriacumois à aller défiler à Paris, située à 25 km environ de Fleury.  

Mais selon le maire communsite de la municipalité de Fleury, Olivier Corzani, ses concitoyens sont avant tout préoccupés par leur quotidien. 

“C’est dur d’aller le soir en réunion avec un syndicat pour réfléchir à ce qu’il faut faire comme moyen d’action, d’autant plus quand vous êtes seul face à votre chômage ou à votre emploi précaire. Les gens doivent en priorité nourrir les enfants et les éduquer”, explique Olivier Corzani. 

Selon le maire, ses habitants manifestent leur mécontentement le plus souvent sur les réseaux sociaux.

Tanguy Roman-Clavelloux (édité par A.L.)