Retraites, proportionnelle, ouverture à gauche... Michel Barnier affirme ne rien s'interdire

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a déclaré vendredi soir sur TF1 que l'exécutif entrait dans une "nouvelle époque" et assuré que "le président (allait) présider et le gouvernement gouverner".
Après sept ans d'hyperprésidence, ponctuée par la défaite de son parti aux législatives en juillet, Emmanuel Macron a promis de se tenir plus en retrait et de ne plus superviser la politique gouvernementale.
Michel Barnier, sans majorité absolue, sera sous la menace permanente d'une motion de censure du Rassemblement national, loin des périodes de cohabitation sous la Ve République.
"J'ai connu des cohabitations difficiles quand j'étais un des ministres mais nous ne sommes pas dans cette situation-là", a déclaré le Premier ministre.
"Hier, j'ai évoqué une nouvelle page et donc de nouvelles méthodes. Un gouvernement responsable, qui a de l'indépendance. Le gouvernement gouvernera et je le ferai en bonne intelligence avec le président de la République naturellement", a-t-il déclaré sur TF1, l'Elysée esquissant de son côté une "coexistence exigeante".
"Capacité à négocier"
Sur TF1 Michel Barnier a vanté sa "capacité à négocier" et assuré qu'il "respectait" les électeurs du Rassemblement national même s'il n'a "rien en commun" avec le parti d'extrême droite. Il s'est dit disposé à ouvrir son gouvernement jusqu'à la gauche.
Evoquant sa relation avec le président, Michel Barnier a admis avoir été en "opposition" mais avoir aussi voté "volontairement et sans problème pour lui au deuxième tour" en 2017 et 2022 face à Marine Le Pen. "On s'est opposé, on n'a pas toujours eu les mêmes idées. Il est le président de la République et j'ai du respect pour la fonction et pour l'homme", a-t-il dit.
Sur le fond de sa politique, Michel Barnier a souhaité "ouvrir le débat" pour une "amélioration" de la réforme controversée sur les retraites sans pour autant "tout remettre en cause". La gauche réclame son abrogation, de même que le Rassemblement national. Il a aussi promis une plus grande justice fiscale.
"Maîtriser les flux migratoires"
En direction de la droite, il a redit ses priorités de "maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes", revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France, et souligné le "besoin immense" de services publics, reprenant en cela les grandes lignes du "pacte législatif" présenté en juillet par son parti Les Républicains, dont il a besoin du soutien à l'Assemblée.
Il a aussi dit qu'il ne s'"interdisait pas" d'étudier une instauration de la proportionnelle, réclamée par plusieurs forces politiques, mais qu'il aurait "besoin (d'en) discuter avec tous les groupes".
Son directeur de cabinet est celui de Bruno Le Maire
Premier acte de cette forme d'indépendance, Michel Barnier a décidé, et "c'est sa décision" insiste son entourage, de nommer comme directeur de cabinet Jérôme Fournel, actuel directeur de cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie démissionnaire.
Jérîome Fournel devrait s'atteler à "deux priorités": le projet de budget pour 2025 qui doit être présenté à l'Assemblée nationale le 1er octobre, et la négociation avec Bruxelles, alors que la France est placée en procédure de déficit excessif.
Il sera secondé par deux adjoints, l'un chargé de l'économie et de la "politique de l'offre" et l'autre du social et des services publics. Le préfet délégué interministériel aux Jeux olympiques Michel Cadot, un temps cité pour la direction de cabinet, intégrera aussi le cabinet où il sera chargé des questions régaliennes.