RSA conditionné à du bénévolat: un député RN tacle la mesure avec une sortie jugée sexiste

Une nouvelle phrase polémique d'un député RN. Lundi soir, en plein débat sur le projet de loi plein emploi, évoquant le conditionnement du RSA à du bénévolat voulu par l'exécutif, l'élu RN Jocelyn Dessigny a effectué une intervention jugée sexiste: "Vous partez du principe qu'il faut inscrire tout le monde sur le fichier Pôle emploi, que tout le monde est employable et qu'il faut mettre tout le monde au travail", a d'abord lancé le député à l'attention du gouvernement.
"Nous, nous partons du principe que si elle le souhaite, il vaut mieux qu'une femme au foyer reste à la maison à s’occuper de ses enfants plutôt que vous l’envoyiez dans un dispositif où elle va devoir réaliser 15 heures d’activité", a poursuivi Jocelyn Dessigny.
Une sortie jugée scandaleuse à gauche comme à droite. "Pour le RN, c’est les hommes au travail et les femmes à la maison. Vision archaïque et rétrograde du monde. Non merci", a assuré sur X (anciennement Twitter), la vice-présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale Nadia Hai. "Sous le vernis, le rance. À ceux qui pensent que l’extrême droite a changé… Mères et pères doivent avoir accès à l’emploi! C’est ce que nous voulons", a réagi de son côté le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Les pères visiblement pas concernés par la garde des enfants
"Scandaleux" a abondé le député LFI de l'Hérault Sébastien Rome, ironisant sur la levée de bouclier de la majorité, qu'il a accusée au passage de complaisance avec le RN depuis le début de la législature en juin 2022.
"Je suis choqué moi par vos idées liberticides selon lesquelles les femmes n’auraient pas le droit de rester à la maison pour s’occuper de leurs enfants et devraient les confier à d’autres", a répondu Jocelyn Dessigny face aux critiques.
Ce mercredi, sur le plateau des "Grandes Gueules", plusieurs femmes ont cependant soutenu la sortie du député après avoir pris leur distance avec l'extrême droite et le RN. C'est le cas de Lydie, 53 ans, mère au foyer: "Ce n'est pas un métier mais on ne se rend pas compte des heures passées jour et nuit, avec le bénévolat pendant les sorties scolaires, les commissions éducatives et les conseils de classe", raconte-t-elle sur RMC et RMC Story.
Une activité incompatible avec 15 heures de bénévolat hebdomadaire en échange du RSA, comme aimerait l'imposer le gouvernement.
Le problème de la garde des enfants
Même à la naissance d'un enfant, trouver une place en crèche ou chez une nourrice est un luxe. De fait, 40% des nourrissons n'ont pas de solution de garde en France. "J'ai un bébé de 4 mois, je suis institutrice contractuelle, je suis donc en CDD avec le rectorat et je n'ai pas le droit au congé parental. Je suis donc au chômage pour garder mon bébé", explique Aurélie.
"Je ne trouve pas de place en crèche. Ma seule option, c'est un congé parental à 400 euros par mois. Ma seule solution, c'est le chômage", confie aussi Jessica, directrice d'Ehpad et enceinte de son troisième enfant. "Je trouve scandaleux qu'il n'y ait pas de dispositif pour permettre aux femmes de retourner au travail dans de bonnes conditions ou de rester à la maison", déplore-t-elle.
"En tant que femme, on est maltraité dans cette société. On travaille, on reprend notre travail après une grossesse, on n'a pas de mode de garde. La seule solution, c'est le congé parental à 400 euros. Encore plus pour les cadres", constate, amère, Jessica.
Un vrai débat semble avoir été ouvert par le député Jocelyn Dessigny, qui semble cependant oublier que les pères peuvent aussi s'occuper de leurs enfants. Ce n'est pas la première fois que l'élu RN est accusé de sexisme. En juin, il avait qualifié la cheffe de file des Insoumis Mathilde Panot de "poissonnière" avant d'être sanctionné financièrement.