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"Si les milliardaires font grève, rien ne se passera, c'est dire leur utilité", raille François Ruffin

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Le député de la Somme défend et prône la taxation des ultra-riches en France, contestée vigoureusement par le patronat français. Le président du Medef a évoque un "meeting" d'ici quelques jours. "Qu’est-ce qu’on va sentir quand il y aura une grève des milliardaires et actionnaires ? Rien", a ironisé François Ruffin ce mercredi sur RMC-BFMTV.

Une éventuelle taxation des plus riches en France qui serait instaurée dans le budget 2026 - revendication de la gauche et notamment du Parti socialiste à travers la "taxe Zucman" pour permettre au futur gouvernement Lecornu de ne pas tomber sous la censure - continue d'alimenter les spéculations.

Le patronat, vigoureusement contre une telle mesure, met la pression sur le Premier mlinistre et l'ensemble de la classe politique. Le président du Mefef, Patrick Martin, a annoncé mardi un "énorme meeting" d'ici "quelques jours". Sur RMC, la semaine dernière, le directeur général de la BPI France (Banque publique d'investissement) avait qualifié la taxe Zucman d'idée "communiste"'. Bernard Arnault, président de LVMH, considère Gabriel Zucman étant "d'extrême gauche".

"Que Patrick Martin organise un défilé de Cadillacs, très bien", raille ce mercredi François Ruffin, député Picardie Debout de la Somme, au micrro de RMC-BFMTV. "J'espère qu'il va lancer une grève des milliardaires et actionnaires. Quand les infirmières, pharmaciens et conducteurs de train font grève, ça se sent tout de suite. Qu’est-ce qu’on va sentir quand il y aura une grève des milliardaires et actionnaires ? Rien", assure-t-il.

"Rien ne se passera. C’est dire que leur utilité à la société est limitée. Directement, non, ils ne produisent rien", assène l'auteur du documentaire Merci Patron.

Celui qui ne cache pas ses ambitions présidentielles le martèle, il faudra des sanctions si les grandes fortunes décident de quitter le pays. Une menace souvent brandie par le patronat en cas de taxation des hauts patrimoine mais balayée par François Ruffin.

"Ça a été chiffré par le Conseil d’analyse économique rattaché à Matignon : c’est 0,003 % des Français, les plus riches, qui partiraient en cas de retour d’un impôt sur le patrimoine. Les Français concernés, ce sont les 0,1 % les plus riches. C’est extrêmement marginal, ceux qui partiraient. Plus de 99 % des Français les plus riches resteraient dans notre pays", cite-t-il.

Ceux qui s'exilent feraient "sécession"

L'économiste Thomas Piketty a proposé l'idée de "geler les avoirs" et de les "bloquer à l'aéroport". "Pourquoi pas", répond François Ruffin. Ce dernier évoque aussi l'idée d'une suspension des droits civiques.

Des "sanctions" méritées et movitées selon lui car ces grandes fortunes décideraient de "faire sécession de la communauté nationale". "Les milliardaires paient 2 fois moins d’impôts en proportion que leur secrétaire ou leur infirmière. Est-ce que c’est normal ?" interroge l'ancien proche des Insoumis.

Face à Face : François Ruffin - 24/09
Face à Face : François Ruffin - 24/09
20:56

Mais quelle taxation mettre en place? François Ruffin met sur la table "plusieurs séries de moyens", comme un retour de l'ISF, "relever" la flat tax sur les dividendes, taxer les grandes transmissions au-delà de 100 millions d'euros mais aussi mettre fin aux sociétés écrans.

"C’est par ce biais-là qu’Arnault touche 3 milliards d’euros de dividendes et ne paie pas un euro d’impôt. Les sociétés écrans, dans des paradis fiscaux, les États-Unis les ont interdites depuis 1934. Il s’agit de faire de même en France, et que tout soit normalement taxé", commente François Ruffin.

"Distinguer le CAC 40 des PME et TPE"

Ce dernier insiste, il ne faut pas que la taxation des ultra-riches soit perçue comme une guerre contre l'entrepreneuriat en France, au contraire. "Il faut distinguer le Cac 40 des PME et TPE". Ce sont elles qui "crééent la richesse", argue le député, qui ne veut pas "d"'un euro supplémentaire d'impôt" à leur encontre.

Le Medef est de nouveau critiqué par François Ruffin. "Patrick Martin n'est pas monté au créneau quand les tarids d'électricité ont augmenté", ce qui a mis en difficulté les artisans et petites et moyennes entreprises. "Le masque tombe, le Medef défend les plus grandes fortunes de notre pays", assène François Ruffin.

Le patronat reçu à Matignon ce mercredi après-midi

Le Premier ministre Sébastien Lecornu va recevoir cet après-midi les organisations patronales, après avoir reçu ce matin les organisations syndicales. Patrick Martin a jugé que présenter les patrons comme "des actionnaires assoiffés de dividendes et indifférents à l'intérêt général" était "une contre-vérité", soulignant que les entreprises du Medef, qui ont au total 12 millions de salariés, soutiennent l'intérêt général et doivent le faire savoir.

Léo Manson