"Son cap est flou": la traversée du désert de François Ruffin

Une rentrée chez lui, dans la Somme, à Flixecourt, où sa réélection s'est jouée sur un fil. Alors sur le papier, la photo pourrait sembler être bien cadrée: des convois de militants, un grand discours de François Ruffin… Et une promesse: "Ce sera peut-être le point de départ d'une histoire", écrivait-il y a quelques jours sur les réseaux sociaux.
Mais depuis la dissolution surprise de l'Assemblée, lui qui rêve de la prochaine présidentielle, a dû revoir tous ses plans, à la hâte. "Je ne le reconnais plus", souffle une des patronnes de la gauche. "Son cap est flou", ajoute un insoumis qui, jusqu'alors, avait de la sympathie pour lui.
"Il a manqué de souffle"
En cause, sa décision de rompre avec LFI dans la dernière ligne droite des législatives. S’il se défend d'avoir pris une décision impulsive, beaucoup sont convaincus du contraire: "Il a été aveuglé par sa situation locale", analyse un élu. "Il a manqué de souffle", ajoute un autre.
Résultat, même si les relations avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon étaient chancelantes, elles pouvaient lui servir d'appui. Aujourd'hui marginalisé, "esseulé", dit même un écologiste, hormis Clémentine Autain, aucune personnalité de premier plan ira le soutenir demain.
À l'Assemblée, il voulait créer son groupe, il n'a pas réussi. Par défaut, il a rejoint les écolos. "Il va s'y sentir bien, ça va le soulager de voir que chez nous, on discute et on vote", assure un de ses nouveaux collègues. Comme un SAS pour se construire... lui qui voulait pourtant franchir un cap.