"Son disque est rayé": retraites, extrême-droite… Manon Aubry dénonce le discours d'Elisabeth Borne

"Non, on n'est pas passé à autre chose." La question des retraites reste centrale dans le débat politique pour la députée européenne insoumise Manon Aubry, invitée de la Matinale Week-End de RMC. Le début du mois de juin sera décisif. Le 6 juin, une nouvelle journée de mobilisation aura lieu à l'appel des syndicats et le 8 juin, une proposition de loi du groupe LIOT – lors de sa niche parlementaire – sera débattue à l'Assemblée nationale pour repasser l'âge légal de départ à 62 ans, au lieu de 64 ans.
Une occasion que l'ancienne porte-parole d'Oxfam France ne veut pas rater. Elle l'assure "la loi pour abroger cette réforme, a toutes les chances de passer" et elle dénonce "des méthodes d'antiparlementarisme du gouvernement": "le gouvernement s'active, avec l'article 40, pour retoquer la loi."
"Elisabeth Borne juge qu'il est 'irresponsable de faire croire que cette proposition de loi pourrait prospérer' (ce dimanche dans le JDD). Ce qui est irresponsable, c'est de nier la souveraineté de l'Assemblée nationale. Dans quelle démocratie vit-on quand une Assemblée nationale n'est pas capable de voter une loi. Cette phrase est révélatrice de ce qu'Elisabeth Borne pense de l'Assemblée nationale?", estime l'eurodéputée.
"Elisabeth Borne est dans un déni total"
Manon Aubry juge la Première ministre "complètement déconnectée de la réalité". Après six mois de débat sur les retraites, l'insoumise juge "incroyable" qu'Elisabeth Borne "vient nous dire que ceux qui vous disent qu'il y a une alternative vous mentent et que les Français n'ont pas bien compris."
"Son disque est rayé. On a montré qu'il y avait plein d'alternatives, à commencer par mettre à contribution ceux qui gagnent le plus. Elisabeth Borne est dans un déni total. Je sens une fébrilité chez elle, c'est la démonstration qu'on peut gagner", assure Manon Aubry.
De même, sur la question du RSA conditionné à des heures de formation et d'activité, l'eurodéputée estime qu'"à chaque fois que le gouvernement veut lutter contre la pauvreté, il lutte en réalité contre les pauvres. Le RSA est un droit social inconditionnel."
"Interdire les manifestation d'extrême-droite qui sont dangereuses"
Autre point de désaccord avec la locataire de Matignon: la relation avec l'extrême-droite. Dans les colonnes du Journal du dimanche, Elisabeth Borne dénonce "l'antiparlementarisme de la France insoumise au Parlement" dans "cette façon de créer du désordre et du chaos" alors que "Marine Le Pen et son groupe respectent les formes", même si "cela n’enlève rien au fait que ses idées sont dangereuses."
Après ces propos, Manon Aubry dénonce "un brevet de respectabilité" donné à l'extrême-droite et "constate" que le ministre de l'Intérieur d'Elisabeth Borne, Gérald Darmanin est "plus actif pour s'en prendre à des associations écologistes que pour agir contre des groupes d'extrême-droite."
L'interdiction de manifester décidée par le préfet de police de Paris contre des rassemblements d'extrême-droite, sur demande de la Place Beauvau, a été cassée par le tribunal administratif dans deux cas qui concernent le mouvement royaliste Action française. Face à cette décision, Manon Aubry "souhaite que systématiquement, la justice puisse faire son travail et interdise les manifestations d'extrême-droite qui sont dangereuses."
"La liberté de manifester est entière mais ne peut pas conduire à de l'incitation à la haine. On vit dans un pays où des manifestations d'extrême-droite, qui sont un danger pour l'ordre public, sont autorisées quand des casserolades, qui n'ont rien d'un danger pour l'ordre public, sont interdites", s'alarme-t-elle.