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Taha Bouhafs, dissidences au PS, programme: l'union de la gauche se morcelle avant les législatives

L'union de la gauche derrière les Insoumis se morcelle déjà. De nombreux socialistes pourraient présenter leur candidature dissidente face à des candidats pourtant investis par la Nupes, la Nouvelle union populaire écologique et sociale.

L’alliance Nupes est-elle vraiment solide? Les accords passés pour les élections législatives entre insoumis, écologistes, socialistes et communistes semblent très friables, à en croire les candidatures dissidentes qui sont en train de s’organiser partout sur le territoire, en particulier venues du PS: "Les insoumis vont apprendre ce que c'est l'insoumission", prévient même un grognard socialiste.

Dans la grande majorité des cas, ce sont des candidats socialistes qui veulent maintenir coûte que coûte leur candidature. Soutenus par de grands élus PS, comme la patronne de la région Occitanie Carole Delga, ou le maire du Mans, Stéphane Le Foll, ils considèrent qu'ils sont mieux implantés, et ont de plus grandes chances de l'emporter. Dans certains départements, comme la Dordogne, c'est simple: il y a un candidat PS dans chaque circonscription face à un candidat de l'union de la gauche.

Danielle Simonnet confiante malgré les dissidences

Selon un historique du parti, on pourrait atteindre une centaine de candidatures dissidentes. Dans le 20e arrondissement de Paris, c'est Lamia El Aaraje du PS, qui fait face à Danielle Simonnet, la candidate officielle de Nupes. Mais pas de quoi inquiéter cette amie historique de Jean-Luc Mélenchon. En petit comité, elle se dit sûre d’être élue et se fixe même l’objectif de gagner dès le premier tour. Elle assure même que des socialistes la soutiennent déjà.

Danielle Simonnet minimise même le poids des dissidences dans sa circonscription mais aussi à l’échelle du pays: "Il y a plus de 550 candidats investis, et ça tangue que dans quelques-unes d’entre elles. C’est normal mais c’est pas grand chose", m’assure-t-elle.

Mais il y a des cas plus alambiqués. Certains députés PS sortants ont obtenu l'investiture de la Nupes, mais rechignent à intégrer pleinement l'accord. À tel point que des insoumis envisagent de candidater face à ces députés !

Taha Bouhafs renonce

À environ 500 kilomètres de Paris, à Vénissieux, près de Lyon, c'est la candidature de Taha Bouhafs qui fait polémique. Mal acceptée par la maire communiste de la ville, Michèle Picard, qui se présente elle aussi, retoqué par le chef de file des communistes Fabien Roussel, qui a demandé aux Insoumis de "revoir" la candidature du journaliste, ce dernier a assuré sur Twitter ne "plus y arriver": "Depuis plusieurs semaines, j'encaisse une tempête d'attaques sans précédent. J'ai essayé, mais je n'y arrive plus", a écrit le jeune homme de 25 ans.

Un message comme un départ, confirmé à demi-mot par Alexis Corbière ce mardi matin sur France 2: "Je crois qu'il faut l'interpréter comme ça, il faut respecter sa décision", a assuré le député de Seine-Saint-Denis. Et rien n'est réglé dans la 14e circonscription du Rhône où une autre candidature, venue du PS, pourrait même s'ajouter.

Discussions toujours en cours sur le programme

Et si les négociations pour répartir les circonscriptions sont bel et bien terminées, elles continuent pour établir le programme. Les négociateurs écolos, insoumis, communistes et socialistes enchaînent les discussions jour et nuit, pour s’accorder sur plus d’une centaine de propositions. Elles doivent être présentées mercredi ou jeudi.

Là aussi, les discussions sont compliquées. Confidence d’une des parties prenantes: "On ne va pas réussir à être d’accord sur tout. Moi, je pense qu’il faut qu’on acte nos désaccords, qu’on l’écrive noir sur blanc", confie un des négociateurs. "Si je reviens dans mon parti avec des propositions qui ne correspondent pas à notre ligne, je vais me faire flinguer", ajoute-t-il avec inquiétude.

Cyprien Pézeril et Romain Cluzel avec Guillaume Dussourt