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Thomas Portes (LFI) insulte et menace un élu RN: décision reportée pour la sanction de l'Assemblée

Le député français du groupe parlementaire de La France Insoumise (LFI), Thomas Portes, pose lors d'une séance photo le 24 juin 2024 à Paris.

Le député français du groupe parlementaire de La France Insoumise (LFI), Thomas Portes, pose lors d'une séance photo le 24 juin 2024 à Paris. - JOEL SAGET / AFP

Le Bureau de l'Assemblée nationale s'est réuni ce mercredi pour notamment se prononcer sur d'éventuelles sanctions contre le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes. En séance, le 30 octobre dernier, il avait tenu des propos menaçant contre un député du Rassemblement national. La décision a été reportée.

"Ferme ta gueule", "on va s'occuper de toi", "on va s'expliquer dehors"... Le 30 octobre dernier, en séance à l'Assemblée, le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis Thomas Portes s'est emporté contre le député Rassemblement national du Var Philippe Lottiaux. Un échange qui, s'il a eu lieu dans l'hémicycle de l'Assemblée, n'a pas été capté par les micros. Mais consigné noir sur blanc dans le compte rendu écrit de séance.

Ce jour-là, une députée insoumise prend la parole pour évoquer la situation humanitaire à Gaza. Sur les bancs d'en face, ceux du RN, des députés font part d'un agacement et associent le parti de Jean-Luc Mélenchon au Hamas. En réaction, Thomas Portes insulte alors son homologue du Rassemblement national. Malgré la perturbation, la séance se poursuit.

Un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal proposé

Trois semaines plus tard, ce mercredi, le Bureau convoqué par la présidente de l'Assemblée nationale devait se prononcer sur une potentielle sanction à l'encontre de Thomas Portes. Le règlement de l'Assemblée prévoit différentes sanctions, du simple rappel à l'ordre à une exclusion des murs de l'Assemblée pendant quinze jours et le retrait de la moitié de l'indemnité parlementaire durant deux mois.

De source parlementaire, la décision sur une sanction a été reportée. Il a été proposée une sanction de niveau 2, c'est-à-dire le rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal. Ce qui entraîne le retrait, pendant un mois, du quart de l'indemnité parlementaire. Pour que cette sanction puisse être votée, Thomas Portes doit être entendu par le Bureau qui sera prochainement convoqué.

"On peut être poil à gratter sans tomber dans l'outrance"

Depuis la dissolution de l'Assemblée, la gauche dispose de la majorité absolue au Bureau de l'Assemblée nationale. Ils sont donc amenés à se prononcer sur une potentielle sanction contre l'un des leurs.

Selon nos informations, les membres issus du Parti socialiste devaient plaider pour une sanction lourde. "Thomas Portes, il nous fait ch... Quand il dit 'je vais te casser la gueule', on n'est pas là pour flatter son côté viriliste. On peut être poil à gratter sans tomber dans l'outrance”, souffle un dirigeant du PS.

"Il faut être très clair. On n'insulte pas les gens, et nous, on ne doit pas être complaisants: il y a un règlement et il doit s'appliquer. Les problèmes viennent toujours du même côté de l'hémicycle", déplore un autre député socialiste.

"Il n'y a aucune raison de le sanctionner. Il a simplement répondu à un député qui l'insultait aussi, répond un stratège insoumis. Et les autres groupes de gauche cherchent toujours la moindre occasion pour se distinguer de nous".

Les communistes et les écologistes devaient, eux, défendre une sanction a minima. "Ce ne sont que des mots, il y a déjà eu bien pire au sein de l'Assemblée. Si sanction il y a, ce devrait être quelque chose de très symbolique, comme un rappel à l'ordre" propose l'un d'eux.

Le groupe Rassemblement national, qui avait réclamé l'inscription à l'ordre du jour du Bureau de ce sujet, demande aujourd'hui des "sanctions exemplaires". "Il est normal de se chambrer, il peut arriver de s'invectiver. Mais, même si je ne suis pas procédurier, on ne peut pas admettre par principe des menaces physiques pendant les débats", assure Philippe Lottiaux.

Thomas Portes déjà sanctionné en 2023

En février 2023, le comportement de Thomas Portes avait déjà l'objet d'une sanction par le Bureau de l'Assemblée nationale. À l'époque, la gauche n'y était que minoritaire. Le député insoumis avait écopé de la sanction la plus lourde. En pleine période de débats sur les retraites, il avait posé, au pied, avec un ballon au visage du ministre du Travail de l'époque, Olivier Dussopt. La photo avait alors été assimilée à une simulation de décapitation.

Cyprien Pézeril