“Un chiffre colossal”: après les émeutes de 2023, les dommages aux biens estimés à un milliard d'euros par le Sénat

Les policiers déployés dans les rues de Marseille ce samedi soir au 5e jour des émeutes après la mort du jeune Nahel. - AFP
Le coût des dégradations liées aux violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel en juin 2023 est estimé à un milliard d'euros, selon un rapport de la commission des Lois du Sénat rendu public mercredi.
Le chiffre "colossal" illustre un phénomène "sans commune mesure" dans l'histoire des violences urbaines survenues en France, a déclaré le sénateur LR et rapporteur de la mission d'information transpartisane François-Noël Buffet.
16.400 sinistres déclarés aux assureurs
Nourri par des auditions de policiers, d'élus locaux, de membres d'associations ou encore de sociologues, le rapport, intitulé "Comprendre, évaluer, réagir", formule 25 propositions pour "tirer les leçons" d'une réponse des pouvoirs publics jugée opérationnelle mais "en partie inadaptée aux émeutes et à ses enjeux".
En onze jours d'émeutes, plus d'un millier de personnes avaient été blessées, dont 782 agents des forces de l'ordre, et 16.400 sinistres ont été déclarés aux assureurs pour un montant de 793 millions d'euros, selon le bilan dressé par la mission d'information.
Un montant qui ne représente qu'une part des dommages aux biens et qui est déjà "quatre fois supérieur à celui des émeutes de 2005", a précisé François-Noël Buffet, estimant au total les dommages à un milliard d'euros.
"Le décès de Nahel Mrezouk a été l'élément déclencheur d'un mouvement qui n'avait que peu à voir avec cet élément tragique", a déploré le sénateur avant de souligner que "derrière cette violence extrême et inadmissible, il faut y voir une colère et une défiance à l'égard de l'autorité".
60% de primo-délinquants
Au total, près de 50.000 émeutiers ont été dénombrés par le Sénat, au sein desquels figurent un tiers de mineurs et 60% de primo-délinquants.
Un profil-type est dressé par le rapport, qui décrit "un homme, de nationalité française, âgé de 23 ans en moyenne, célibataire, sans enfants, hébergé souvent par ses parents, ayant un niveau de diplôme de niveau secondaire, maximum baccalauréat".
Par le grand nombre de jeunes impliqués dans les émeutes, les réseaux sociaux ont permis d'amplifier la violence des comportements, selon le rapporteur de la mission qui appelle à "imaginer un dispositif qui permette de reprendre en main la situation".
Les 25 propositions détaillées dans le rapport comprennent aussi bien un "bannissement numérique" que l'encadrement des mortiers d'artifice en passant par l'équipement systématique de caméras-piétons pour les forces de l'ordre. Autant de pistes de réflexions que la mission d'information espère voir être reprises par le gouvernement.