"Une guerre civile": les coulisses du congrès du Parti socialiste qui s'annonce tendu

Un congrès qui s'annonce sanglant. Le mot n'est sans doute pas galvaudé pour décrire l'ambiance qui pèse au congrès du Parti socialiste qui s'ouvre ce vendredi après-midi à Marseille. Certains socialistes prédisent même une "guerre civile". En cause, le choix du nouveau patron du PS pour lequel les militants ont voté la semaine dernière. Selon la direction, le sortant Olivier Faure est arrivé en tête - de justesse - devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui conteste le résultat à cause des nombreuses tricheries, irrégularités et bourrages d’urnes constatées. Mais à partir de ce vendredi, tout ce monde va se retrouver:
“On ne sait pas si on va en sortir vivant” s’inquiète un poids lourd du parti à la rose, “on espère juste que ce ne soit pas le dernier congrès de l’histoire du PS” ajoute un autre.
En tout cas, les fractures sont énormes. Le PS une machine à haïr et les petites phrases en interne sont nombreuses. Un opposant d'Olivier Faure qualifie le premier secrétaire sortant de “forcené” quans un soutien de l'actuel patron du parti déclare que le camp de Nicolas Mayer-Rossignol est "prêt à couler le parti pour tuer Olivier Faure”.
Des tractations qui n'aboutissent pas
On ne sait pas si ce pugilat annoncé est encore évitable. A ce stade les tractations n'ont toujours pas abouti et il reste seulement 24 heures aux deux camps pour accorder leurs violons. En effet, le moment clé sera demain matin quand les délégués nationaux du Parti socialiste voteront pour valider le scrutin pour nommer le premier secrétaire. Pour conserver l'espoir d'une possible unité, il faudrait mieux un résultat net et sans bavure.
Peut-être que la solution sera trouvée tard, vendredi soir, sur un coin de table sur le vieux port de Marseille. Un député socialiste prévoit par exemple déjà de payer sa tournée de Pastis pour tenter de réconcilier tout le monde.
Mais ça s’annonce compliqué, les deux camps ne sont d’accord sur rien, prêt à tout contester dans le moindre détail. Certains vont jusqu’à reprocher l’absence de tables dans la salle de réunion choisie par la direction actuelle.
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Des séquelles durables
Mais même si ça venait à bien se terminer, les séquelles seront durables pour les socialistes. L’un d’eux lassé et dépité explique qu'"après le fiasco de la présidentielle, on pensait voir la lumière au bout du tunnel… et finalement, non”.
"On passe notre temps à devoir remonter la pente" ajoute un autre membre du PS.
En fait, les socialistes étaient plutôt satisfaits de ces premiers mois à l’Assemblée au sein de la NUPES. Ils avaient le sentiment d’avoir réussi à travailler dans le collectif, tout en restant indépendant et capable - plus que les autres - d’incarner encore un parti de gouvernement, bûcheur et sérieux. L'exemple donné par le PS est celui des 70 amendements socialistes adoptés sur la loi des énergies renouvelables.
Les socialistes qui pensaient ainsi pouvoir prendre le leadership à gauche et se frottaient les mains avec la rentrée compliquée des insoumis, notamment empêtrés dans l'affaire Quatennens. Mais tout s’écroule donc pour eux. Certains LFI s’en amusent. "Les galères, c'est chacun son tour" me confie par exemple une mélenchoniste.