RMC
Sciences Nature

"2 millions d'animaux sacrifiés": pourquoi la nouvelle liste des animaux nuisibles fait polémique

placeholder video
Des associations de défense du patrimoine écologique, dont la Ligue pour la protection des oiseaux, s'insurgent de la publication d'une nouvelle liste des animaux considérés comme nuisibles. Sur RMC, la LPO dénonce un cadeau fait aux chasseurs.

Pie bavarde, corbeau freux, renard ou belette… Si ces petits noms d'oiseaux et de mammifères ne provoquent pas vraiment la peur auprès du grand public, ces différentes races peuvent toutefois être capables de rendre la vie dure à certains riverains à cause de certaines nuisances qu'elles peuvent provoquer.

En ce sens, le gouvernement a publié une nouvelle version de sa liste des animaux nuisibles au Journal Officiel le 3 août 2023, liste qui sera valable jusqu'en 2026. Dans ce document, des oiseaux comme l'étourneau sont recensés comme étant des "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts", soit des animaux "présumés coupables" selon Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

En conséquence, il est possible de "piéger, chasser, tirer, abattre" ces espèces considérées comme nuisibles "tout au long de l'année". Pour Allain Bougrain-Dubourg, cela représente "pas loin de deux millions d'oiseaux et de mammifères sacrifiés chaque année".

Pour le président de la LPO, si "on peut comprendre, dans certaines circonstances, qu'il y ait des problèmes et qu'il y ait donc une nécessité de régulation", il est cependant nécessaire de dénoncer aujourd'hui un processus "radical" ne prenant pas en compte les spécificités de chaque territoire et l'impact sur la biodiversité.

Le parti-pris : Le gouvernement publie la liste des animaux "nuisibles" - 07/08
Le parti-pris : Le gouvernement publie la liste des animaux "nuisibles" - 07/08
4:57

"On tue actuellement en France plus de 500.000 renards (...). Alors qu'il y ait des renards qui s'en prennent à un élevage extensif de volailles par exemple, on peut comprendre qu'il faille réguler tout autour. Mais est-ce nécessaire de dézinguer tous les renards du département alors que par ailleurs on sait que c'est un auxiliaire de l'agriculture car on sait qu'il réduit énormément les campagnols par exemple", déplore-t-il au micro de Sébastien Krebs sur RMC et RMC Story, dans l'émission Apolline Matin.

Des contestations en justice à venir

Allain Bougrain-Dubourg pointe par ailleurs deux points qu'il considère comme "surréalistes". Le premier, c'est qu'une consultation a été menée auprès du grand public, avec "plus de 35.000 contributeurs", assure le président de LPO. Selon ce dernier, les sondés sont à "71% contre ces arrêtés". Il estime donc que le gouvernement "ne tient pas compte de l'avis des personnes sollicitées par l'Etat", se demandant "pour qui on nous prend".

Aussi, "le gouvernement nous dit dans le même temps qu'il va regarder comment ça se passe à l'étranger, qu'il va faire des enquêtes pour affiner la démarche", relate Allain Bougrain-Dubourg. Mais avec ce type de discours, il en conclut "que le gouvernement prend des mesures sans savoir, sans avoir vérifié le bien fondé de cette démarche" de placer certains de ces animaux sur la liste des nuisibles.

Alors, Allain Bougrain-Dubourg le garantit, des recours en justice vont être réalisés. "Pour le putois, qui a été sorti de la liste (après des actions en justice menées par la LPO notamment), il a fallu attendre 2017 pour qu'il figure sur la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) tellement il a été violenté, maltraité", explique avec une touche de désarroi mais aussi de fierté le président de la LPO.

Une longue attente néanmoins fructueuse, pour qu'enfin les associations gagnent "devant le Conseil d'Etat en 2021 et que le gouvernement se soumette à la décision de la plus haute juridiction".

A.L