Annonces de Michel Barnier sur l'agriculture: "On veut du concret", martèlent les Jeunes Agriculteurs

Michel Barnier était en déplacement vendredi dans le Puy-de-Dôme, où il s'est rendu au Sommet de l'élévage en Auvergne, pour son premier échange avec les agriculteurs depuis qu'il est Premier ministe. L'ancien ministre de l'Agriculture sous Jacques Chirac leur a affirmé qu'il ne les oublierait pas, sans toutefois vouloir leur "raconter d'histoires" au vu des contraintes budgétaires.
Des annonces était attendues par la profession, dans l'attente depuis la dissolution de l'Assemblée nationale de voir si celles promises par Gabriel Attal, après l'important mouvement de contestation lancé en janvier dernier, allaient être maintenues ou non. Et ce alors que depuis, "la situation s'est aggravée", a affirmé ce samedi 5 octobre Alexis Roptin, vice-président des Jeunes agriculteurs sur RMC, au micro d'Anaïs Matin.
Au programme des ces annonces, donc, une enveloppe de 75 millions d'euros pour "faire face à la FCO (fièvre catarrhale ovine) de sérotype 3", considérée comme une nouvelle épizootie alors que des FCO de sérotype 4 et 8 sont présentes en France depuis plusieurs années.
"Un bon signal" mais le montant reste "largement insuffisant", a regretté Alexis Roptin. "D'après les estimations, il en faut au moins 100 millions. Les ovins sont très fragiles et les pertes dans les élevages sont énormes, entre 50 et 75%", selon lui.
Manque d'anticipation sur la fièvre catarrhale ovine
L'agriculteur regrette un manque d'anticipation de la part du précédent gouvernement. "On a demandé les vaccins dès le début de la crise sanitaire, ca arrive presque trop tard. On aurait pu endiguer la maldie plus rapidement si on avait eu les vaccins et des enveloppes pour les financer", a-t-il souligné.
Apparue dans le nord de la France début août, cette épizootie, qui n'est pas transmissible à l'homme, fait rage en Europe et progresse rapidement sur le territoire avec 4.644 foyers recensés au 3 octobre, selon le dernier bilan officiel.
Face à cette flambée, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a annoncé jeudi l'extension de la vaccination contre la FCO 3 - qui a débuté le 12 août dans le nord du pays "à toute la France pour la filière ovine", la plus touchée par cette maladie qui affecte également les bovins. Dans les allées du salon, à Cournon-d'Auvergne, les éleveurs ont salué ces mesures concernant la FCO 3 mais nombre d'entre-eux attendaient un geste plus large dans une région frappée par la FCO 8, rapporte l'AFP.
Autre annonce, celle de la reprise des discussions au Sénat du projet de loi d'orientation agricole. Un autre "bon signal" pour Alexis Roptin. Elle sera "inscrite à l'ordre du jour du mois de janvier, le plus tôt possible après le budget", a affirmé le Premier ministre vendredi.
"On veut juste vivre tranquillement de note métier, on a pas besoin d'assistanat", a déclaré de son côté Benjamin Meilhoc, éleveur dans le Cantal et auditeur RMC.
Les récoltes de l'été "catastrophiques"
Comme à chaque nouvelle salve d'annonces, les agriculeurs restent circonspects. "On veut du concret. Les annonces, on les a depuis le printemps et on n'a pas le résultat", a justifié le président des Jeunes Agriculteurs, qui a également regretté l'absence de signal concernant les "mauvaises récoltes, qui ont été "catastrophiques cet été", du fait des conditions météorologiques, notamment en viticulture.
Le locataire de Matignon a annoncé un soutien aux exploitations "touchées par des difficultés graves actuellement et qui ont besoin d'oxygène", évoquant des "prêts garantis par l'Etat pour les exploitations qui en ont besoin".
Michel Barnier a également annoncé le report du 1er octobre au 15 novembre du délai fixé "pour l'ensemble des travaux d'épandage dans les exploitations agricoles": une mesure présentée comme de bon sens alors que les champs sont actuellement "gorgés d'eau", empêchant les travaux dans de nombreux départements.