Les agriculteurs envoient un avertissement à Michel Barnier: "La colère n'a jamais cessé"

Invité sur France 2 jeudi soir pour un "grand oral", le Premier ministre, Michel Barnier, tend la main aux agriculteurs et promet notamment "une pause sur les normes" agricoles. Le Premier ministre est d'ailleurs en visite ce vendredi au sommet de l'élevage, à Clermont-Ferrand, où il devrait annoncer une série de mesures qui sont très attendues.
Annie Genevard, la ministre de l'Agriculture, y a déjà annoncé jeudi qu'elle ne reculerait pas sur la loi d'orientation agricole, et a promis la vaccination gratuite de tous les ovins contre la fièvre catarrhale ovine.
Mais après les annonces de coupes budgétaires, les agriculteurs sont à cran. Eleveur de bovins, Yvan est bien décidé à interpeller le Premier ministre ce vendredi. "On va lui demander d'être réaliste pragmatique. S'il veut que demain, il y ait encore de l'élevage en France, il va falloir qu'ils sortent les moyens", réclame-t-il.
Sylvain, de son côté, a perdu un tiers de ses brebis avec la fièvre catarrhale ovine et aimerait que toutes les pertes soient indemnisées. "Les brebis qui ont survécu n'ont plus de lait, je n'ai plus de yaourt, plus de fromage... Si on reporte, avec les pertes indirectes, c'est compliqué."
"Maintenant qu'on approche de la fin des récoltes, la colère revient"
Nathalie, elle, tient surtout à ce que les normes imposées aux éleveurs soient enfin simplifiées, comme promis l'année dernière.
"Quand on demande un truc, c'est direct des dossiers de 50 pages", souffle-t-elle, notant que ceux qui s'en sortent sont les industriels qui ont les moyens juridiques de s'occuper du volet administratif.
"On a envie de tout arrêter. La colère est en train de remonter", prévient-elle.
Un constat qu'on peut observer en région Occitanie, où des actions ont même repris. "La colère n'a jamais cessé, elle s'est atténuée car il a fallu retourner travailler. Maintenant qu'on approche de la fin des récoltes, la colère revient", prévient Pierre Hilary, président des Jeunes agriculteurs de la région.
"Avant, on retournait les panneaux (une référence à l'expression "on marche sur la tête"). Maintenant, comme on ne sait pas où on va, on enlève les panneaux", explique-t-il.
"Les promesses, c'est bien, mais on veut des actes", prévient-il, n'excluant pas que des actions bloquantes soient entreprises si rien ne bouge.
D'autres, comme Antoine, ne s'attendent plus à rien. "On est un peu blasés, résignés par rapport à la situation. On nous avait promis plein de choses, et on n'a rien vu", désespère-t-il.
Et ce n'est pas le seul à être découragé. Plusieurs agriculteurs croisés au sommet de l'élevage à Clermont confient penser de plus en plus à jeter l'éponge.