RMC
Sciences Nature

Inondations: pour accélérer les procédures, des sinistrés font appels à des huissiers

placeholder video
Les intempéries se poursuivent dans le Nord. À cette heure, les assureurs enregistrent près d'un millier de sinistrés. Pour ne pas avoir à attendre les experts en assurance, certains décident de faire appel à un huissier pour constater les dégâts.

Le Pas-de-Calais a été placé ce jeudi en vigilance rouge crues, pluie et inondations, jusqu'à ce vendredi 16h. Des pluies diluviennes se sont encore abattues cette nuit sur le département, déjà frappé le 2 novembre par la tempête Ciaran.

Un cauchemar qui semble ne jamais s'arrêter pour les habitants. C'est le cas de Philippe, retraité à Isques. Sa maison de plein pied a été jusqu'à 1m60 sous l'eau dans certaines pièces. Il a mandaté un huissier pour prendre un peu d'avance. L'objectif n'est pas de chiffrer les dégâts, mais de pouvoir nettoyer le plus rapidement possible après la décrue pour ne pas avoir à attendre les experts en assurance.

Bottes aux pieds, tablette à la main, Olivier, huissier de justice, dresse la liste des dégâts dans la maison de Philippe. "Une importante quantité de boue recouvre cette pièce, le mobilier a été complètement affecté. L'ensemble est à refaire intégralement", énumère-t-il. Mandater un huissier, une manière pour Philippe d'anticiper.

"Avec les constats d'huissier, je pense que je pourrai faire marcher plus facilement les assurances. Il faut que j'avance, il faut que je fasse quelque chose pour aller plus vite, pour ne pas craquer", indique Philippe.

"Je n'ai jamais vu ça"

Seuls les yeux fatigués du sexagénaire et sa barbe de trois jours trahissent sa lassitude. Impossible pour lui de se projeter pour le moment. "L'assurance m'a relogé pour une semaine à l'hôtel, mais après, je ne sais pas. L'hôtel, je m'en vais le matin, je rentre le soir mais comme je n'ai pas de chez moi, qu'est ce que je fais de mes journées?", se demande-t-il. La visite continue et ressemble à beaucoup d'autres, se désole l'huissier.

"Ça fait mal au cœur, on a les gens au téléphone, ils sont désabusés. Ça fait 22 ans que j'exerce, j'ai jamais vu ça, en tout cas à ce point-là. Et puis le pire, c'est qu'a priori, ce n'est pas terminé...", s’inquiète -t-il.

Loin de là même, car au moment du séchage, les éléments en bois vont gonfler, tout comme les placos, ce qui causera des dégâts supplémentaires.

Leonie Guilbaud avec Guillaume Descours