"Des excréments débordent chez les gens": la crue de la Charente fait remonter les égouts à La Rochelle

La situation concernant les inondations est particulièrement inquiétante dans les Hauts-de-France, avec le Pas-de-Calais placé en vigilance rouge ce jeudi. Mais la Charente-Maritime est également concernée par une vigilance, orange cette fois, concernant la crue de la Charente.
Les inondations liées aux récentes tempêtes ont en effet provoqué des épanchements d'égouts inédits depuis plus de quarante ans dans quinze communes du département. Selon la préfecture, ces communes situées à l'est de La Rochelle sont concernées par "des concentrations d'eaux de pluie trop importantes qui se cumulent avec les eaux usées".
Le dernier cas de débordements équivalents remontent à 1982, selon la Régie d'exploitation des services d'eau (Rese), société publique qui alimente en eau potable 360 municipalités du département, soit 80% des communes.
"Le réseau ne suit plus"
A Benon, localité de 1.800 habitants située en bordure du Marais poitevin et à 30 km de La Rochelle, 300 mm de précipitations ont été enregistrés depuis trois semaines, "l'équivalent de six mois de pluie", a résumé à l'AFP le maire Christophe Vinatier.
"Il y a un phénomène tel que les réseaux d'assainissement ne suivent plus du tout", a expliqué l'élu.
"Ce sont des excréments qui débordent sur la voie publique ou chez les gens, via les toilettes ou les douches. La pression est telle que les bondes se soulèvent", a ajouté M. Vinatier, qui salue néanmoins la mobilisation et la "solidarité exemplaire" des autorités et des services d'assainissement.
Dans l'un des deux quartiers concernés se trouve notamment un Ehpad doté d'une unité spécialisée pour les patients souffrants de la maladie d'Alzheimer.
Des pompes mises en place
Après les passages des tempêtes Ciaran et Domingos la semaine dernière, les autorités redoutent de nouvelles crues d'ici ce week-end en raison de précipitations sur des sols déjà gorgés d'eau.
"On est extrêmement vigilants, on gère ça presque comme une crise à venir, sur laquelle on anticipe un maximum", a déclaré un porte-parole de la préfecture.
"On a mis en place des moyens de délestage vers le milieu naturel", a fait valoir pour sa part Jean Biechlin, directeur général de la Rese. Il précise que des prélèvements sont effectués pour mesurer l'impact de ces évacuations et que les producteurs conchylicoles de l'embouchure ont été prévenus en amont.
Selon le dirigeant, 28 pompes sont en place pour évacuer les excédents d'eau et dix autres sont prêtes à être déployées. Quelque 40 agents de la Rese doivent être mobilisés ce week-end face à d'éventuels nouveaux débordements.
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