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"Les incendies sont une scène de crime": comment les enquêteurs déterminent l'origine d'un feu

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Après l'incendie meurtrier survenu dans l'Aude, qui a ravagé 16.000 hectares, des gendarmes spécialisés interviennent dans la commune de Ribaute afin de déterminer les circonstances du départ de feu. Un travail de longue haleine, basé notamment sur les témoignages.

La fameuse expression "chercher une aiguille dans une botte de foin" prend tout son sens dans ce contexte. Quelques jours après l'incendie le plus important depuis 1949 en France, il faut identifier l'origine et les causes du départ de feu dans l'Aude, qui a fait un mort et 23 blessés.

Quatre gendarmes spécialisés ont été dépêchés pour tenter de trouver les circonstances de cet incendie qui a parcouru 16.000 hectares - soit 160 millions de mètres carré - sur 15 communes. L'objectif est de déterminer s'il s'agit d'un accident ou d'un acte volontaire.

Une véritable enquète criminelle

Quand on sait que 10.000 feux de forêt ont été causés par un simple mégot de cigarette en 2022, la mission semble presque impossible... Et pourtant les enquèteurs redoublent d'astuces pour résoudre le mystère. "Depuis 2003, tous les incendies sont considérés comme une scène de crime", explique le Major Christophe Peigne, responsable de la cellule de Recherche des causes et circonstances des incendies de forêt (RCCI) dans le Var, au micro de RMC.

"Nous opérons auprès des premiers intervenants pour leur apprendre à geler les lieux, afin de tenter de garder un maximum d'indices." Une fois la cellule d'investigation déployée, au milieu de plus de 16.000 hectares brûlés, il faut "délimiter une zone" en se basant sur des "témoignages" et "images".

L'origine humaine reste à confirmer

À priori, selon les premiers éléments, le feu aurait démarré dans la commune de Ribaute, à une quarantaine de kilomètres de Narbonne, le 5 août vers 16h15. Il serait parti d'un bord de route. "L'origine humaine est à confirmer, mais il y a peu d'interrogations à ce sujet", affirmait Erwan Coiffard, porte parole de la Gendermerie nationale sur France Info le 6 août. Selon les chiffres, neuf incendies sur dix sont d'origine humaine.

"Il y a une trentaine de causes répertoriées", précise le Major, qui est en lien étroit avec la cellule d'investigation, dans l'émission Apolline Matin. "En général, nous procédons par exclusion et nous allons vérifions ce qu'il reste."

3 questions pour comprendre : Le lieu de départ de feu, une scène de crime - 11/08
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Au milieu de paysages entièrement carbonisés, ravagés par le passage des flammes, il faut savoir reconnaître tous les indices. "Nous lisons le passage du feu dans les lieux ambiants: sur les cailloux, les arbres, les escargots...", poursuit le spécialiste. "Le but est de retrouver l'objet ou la cause. Dans la zone d'origine, la température est d'environ 400°C, avant grimper jusqu'à 1.200°C (lors du déplacement des flammes). Généralement, cette zone n'est donc pas totalement carbonisée, et l'on encore y trouver des vestiges. Parfois, nous sommes obligés de travailler comme des archéologues, avec des pinceaux, pour trouver des indices sous les cendres."

"Le but est d'essayer de travailler sur une dizaine de centimètres carré"

Depuis l'instauration des cellules d'investigation RCCI en 2000 dans le sud de la France, le nombre d'incendie d'origine inconnue est en nettement diminué, même si parfois aucune explication n'est trouvée.

"C’est un travail d’enquête classique. Le but est d’essayer de travailler sur une dizaine de centimètres carrés au point de départ du feu pour retrouver un objet ou non", conclut le Major Christophe Peigne. Les recherches se poursuivront encore plusieurs jours.

Un appel à témoins a été lancé par la mairie de Ribaute pour essayer de trouver un éventuel "véhicule ou individu suspect" au moment des faits. Selon l'Office National des Forêts, 20% des incendies de forêt sont d'origine malveillante.

TC