RMC

Climat: "On est sur une trajectoire du pire" alerte le physicien Frédéric Hourdin

Invité d'"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, le physicien du climat Frédéric Hourdin, directeur de recherche au CNRS, est inquiet. Avec les vagues de chaleur qui se succèdent et des politiques publiques qui ne changent pas, il estime qu'une course contre-la-montre est enclenchée.

L'heure est à l'inquiétude. C'est avec un ton grave que Frédéric Hourdin, physicien du climat et directeur de recherche au CNRS, s'est exprimé ce mercredi matin au micro d'Apolline de Malherbe sur RMC et RMC Story, dans "Apolline Matin", sur la canicule qui frappe la France depuis le début de la semaine et qui va atteindre des records sur les prochains jours.

Record de durée, mais pas de record de température. "C'est une vague de chaleur qui se prolonge un peu par rapport aux précédentes, sans atteindre les records (de chaleur) de 2019 ou 2003, explique le spécialiste du climat. Les vagues de chaleur et les orages, l'été, ce sont des choses qui existaient déjà. Mais maintenant, tout est plus chaud."

"C'est une vague de chaleur comme on en connaît comme tous les étés maintenant et de plus en plus à cause du réchauffement climatique", juge Frédéric Hourdin.

Des risques d'incendies multipliés

Première conséquence de ce réchauffement climatique, l'augmentation du risque d'incendie, alors que le Gard et la Gironde ont été ou sont touchés par de gros incendies depuis le début du mois de juillet et que des villes annulent des feux d'artifices face au risque de départ de feu. "Le lien entre l'augmentation du risque d'incendie et le réchauffement climatique est une des choses les plus robustes (scientifiquement)" juge le directeur de recherche au CNRS.

"Il se trouve que le réchauffement global s'accompagne d'un assèchement sur le bassin méditerranéen, donc le risque d'incendies, en général, est favorisé", explique Frédéric Hourdin.

S'adapter à marche forcée

"On va s'adapter. On ne va pas avoir le choix que de s'adapter" martèle le chercheur, qui estime qu'"il va falloir trouver des solutions": "Il va falloir ralentir, il va falloir faire des choses fortes. C'est une question politique".

"On ne peut se permettre de continuer de brûler de l'énergie" estime Frédéric Hourdin ,qui explique que pour suivre une bonne trajectoire climat et limiter la hausse des température, l'humanité "devrait décroître de 7% la consommation d'énergie fossile par an". Or, "c'est seulement ce que l'on a fait l'année du Covid, en 2020. Il faudrait faire le Covid du Covid du Covid."

"On n'est pas du tout sur cette trajectoire. L'enjeu est énorme."

"Ça se réchauffe vite, c'est une course contre-la-montre"

Pour Frédéric Hourdin, l'humanité est loin du compte pour limiter la hausse des températures et il constate "qu'on est toujours sur une trajectoire du pire". Une inaction qui ne l'étonne pas "car l'adaptation qui est nécessaire demande un changement de société tellement fort que ça prend du temps" notant que "les trajectoires d'augmentation des température sur lesquelles on est, elles ont été prévues dans les années 80".

"Mais ça se réchauffe vite. C'est une course contre-la-montre. Donc oui, je suis inquiet. On parle beaucoup des 1,5°C ou 2°C. On va les atteindre. Mais la question est de savoir si on ne va pas atteindre les 5°C parce qu'on n'aura rien fait", alerte Frédéric Hourdin.
https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC