La nouvelle crue en Seine-et-Marne désespère les habitants: "Je n'en peux plus, je veux partir"

Après Pommeuse et Coulommiers, c'est la commune de Crécy-la-Chapelle qui a subi ce jeudi la crue du Grand Morin, en Seine-et-Marne, après le passage de la dépression Kirk. Le centre-ville de la commune s'est retrouvé sous une cinquantaine de centimètres d'eau jeudi après-midi. L'eau a même continué de monter toute la nuit avec un record de 2016 a été battu.
Une soixantaine de pompiers étaient mobilisés sur place jeudi pour tenter d'évacuer les habitants du centre-ville, mais quelques dizaines d'entre eux, qui vivent dans des appartements en hauteur, ont quand même passé la nuit leur logement, sans électricité. Des habitants confrontés, pour certains, à une quatrième montée des eaux depuis le début de l'année... La ville avait en effet été déjà été inondée fin septembre.
"Dès qu'il pleut un peu fort, on a de l'appréhension"
De quoi attiser le désarroi et parfois même la colère de certains habitants à bout de nerfs. De l'eau quasiment jusqu'aux genoux, le jean mouillé malgré les bottes... Nous avons croisé Marina, propriétaire depuis 20 ans à Crécy-la-Chapelle, sortant de chez elle avec deux gros sacs. "C'est à l'arrache, mais bon, c'est obligé...", bredouille-t-elle. Presqu'une habitude pour elle, car c'est la troisième fois depuis le mois de février que l'eau s'invite dans son salon, mais cette fois à une hauteur qu'elle n'a "jamais vue".
"J'ai envie de partir d'ici, ça commence à faire beaucoup", souffle-t-elle, dans Apolline Matin ce 11 octobre. "Je ne veux plus revivre ça. La maison, je vais la vendre comme je peux."
"Dès qu'il pleut un peu fort, on a l'appréhension d'avoir des inondations. Puis c'est des travaux, de la patience pour la décrue, de l'argent, se battre avec les assurances... Donc oui, j'ai envie de vendre", concède-t-elle.
"Ça se répète et rien ne change"
Des inondations à répétition qui ont aussi eu raison de la patience de Clément et de sa femme, qui avaient emmenagé en juillet 2023 à Crécy-la-Chapelle. Mais trois inondations plus tard, c'est fini pour eux. "On a signé mercredi, et on y va passer notre première nuit au plus vite. C'est dommage, mais quand c'est comme ça, ce n'est pas vivable", tonne-t-il.
Et c'est justement ce qui agace ceux qui vivent ici depuis toujours, comme Sébastien qui regrette que rien ne soit fait pour anticiper. "Rien ne bouge, ça se répète et rien ne change", enrage-t-il. Avec l'inquiétude, aussi, de voir les commerces déserter le centre ville, car trop exposés aux crues de la rivière, un peu plus bas.
"Le moral est à zéro"
En attendant, les sinistrés logés au gymnase s'inquiètent de leur l'état de leur maison. "Le moral est à zéro. Après, on n'a pas le choix. On va essayer d'aller jeter un coup d'oeil, voir si l'eau s'évacue, mais on n'y croit pas trop", souffle Dylan, qui a passé la nuit dans le gymnase municipal, seul endroit où il y a encore de l'électricité.
Philippe, lui aussi, a été contraint d'abandonner sa maison. "A l'étage, je ne risquais pas grand-chose, mais sans électricité, sans gaz, sans eau, sans rien, c'est très compliqué", reconnaît-il. "Vu le niveau d'eau, j'ai préféré qu'on m'évacue. Ils sont venus avec une barque et m'ont amené au gymnase".