"On peut passer à côté de choses potentiellement risquées": les confidences rares d'un inspecteur de l'environnement des sites Seveso
Elisabeth Borne, la ministre des Transports et de la Transition Ecologique doit être auditionnée cette semaine par la commission d'enquête sur la réglementation des sites Seveso au Sénat.
Il s'agit des usines industrielles qui abritent des produits chimiques dangereux, très encadrées par l'Union Européenne depuis la catastrophe de Seveso en Italie en 1976.
"Il est difficile de faire en une matinée ce que d’habitude on fait en une journée"
L'usine de Rouen fait partie des sites industriels qui représentent le plus grand risque en France "usines de seuil haut", on en dénombre 700 au total. Or en 12 ans, le nombre d'inspections de ces sites a chuté, passant de 30.000 en 2006 à 18.196 en 2018 alors que le nombre d'installations classées pour la protection de l'environnement est resté le même.
Depuis le 1er mars 2017, Pierre, a vu son métier évoluer, plus de tâches administratives pour toujours autant d’inspections à mener. Résultat: son temps passé sur les sites à contrôler a diminué.
"Si vous êtes moins présent sur le terrain, il faut s’imaginer qu’un site comme Lubrizol c’est plusieurs hectares, avec des installations complexes et dangereuses. Cette somme de choses fait qu’il sera difficile de faire en une matinée ce que d’habitude on faisait en une journée".
"Si nous étions plus nombreux pour pouvoir réaliser ces missions, nous serions plus sereins"
En France 1.300 sites Seveso à contrôler en plus des 500.000 autres usines moins sensibles. Une charge de travail trop importante pour 1.200 inspecteurs selon Pierre: "Il est probable que l’on puisse passer à côté de choses pouvant présenter un risque. Si nous étions plus nombreux pour pouvoir réaliser ces missions, nous serions plus sereins".
Outre des inspections plus courtes, Ginette Vastel de l’association France Nature Environnement, dénonce aussi un assouplissement de la loi. Notamment lorsque qu’un exploitant agrandit son site.
"Le préfet peut décider qu’il n’y a finalement pas de changement substantiel du site et qu’il n’y a pas besoin d’une nouvelle évaluation environnementale. C’est quand même préoccupant. On l’a vu dans le cas de Lubrizol, une augmentation de capacité du stockage, peut avoir des conséquences importantes en cas d’incendie ou d’autres choses".
Un désengagement de l’Etat selon elle, uniquement pour des raisons d’attractivité industrielle.