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"Un manque d'ambition": le premier traité contre la pollution plastique prêt à voler en éclats?

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Le sommet sur la pollution plastique se termine ce jeudi à Genève. Alors que le premier traité international contre la pollution plastique devait voir le jour, les négociations s’enlisent. Marine Bonavita, chargée de plaidoyer chez Zero Waste France, tire la sonnette d’alarme sur RMC.

Trois ans de discussion, six sessions de négociations, dix jours de sommets et... rien du tout? Le sommet sur la pollution plastique se termine ce jeudi à Genève, et les négociations s'enlisent. Le but était d'élaborer un premier traité international contre la pollution plastique, mais tout semble voler en éclats. Mercredi, le texte présenté au 184 pays réunis en Suisse a été massivement rejeté.

"Aujourd'hui, c'est une douche froide pour tous les citoyens et citoyennes", souffle Marine Bonavita, chargée de plaidoyer chez Zero Waste France, dans l'émission Apolline Matin. "Ce texte reste une base de négociations. Il faut vraiment que les pays partisans ne lâchent rien. Si jamais on n'y arrive pas aujourd'hui, ce n'est pas avec les futures COP que l'on y parviendra."

Un traité "vidé de sa substance"

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce rejet vient directement des soutiens les plus importants de la lutte contre la pollution plastique, qui dénoncent le manque d'ambition du traité actuel. La France, l'Europe et de nombreuses ONG avaient notamment appelé à ce refus massif. "Le texte a été vidé de sa substance sous la pression de like-minded countries", étaie Marine Bonavita au micro de RMC. "Ce sont les principaux producteurs de pétrole, comme les pays du Golfe ou la Russie."

La réduction de la production de plastique, pourtant "élément essentiel" des discussions, n'était plus à l'ordre du jour. Chaque année plus de 450 millions de tonnes sont produites. Sans changement majeur, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit une augmentation de 70% d'ici 2040.

Le parti-pris : Le sommet sur le plastique touche à sa fin, quel accord ? - 14/08
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Au cours des dernières années, une Coalition de la haute ambition pour mettre fin à la pollution plastique (HAC EPP) a vu le jour. Elle rassemble 67 membres, dont la France et l'Union européenne. Leur objectif est d'aboutir à un traité à l'ambition maximale. "C'est vital pour l'humanité. L'impact des plastiques est déjà catastrophique sur notre santé et l'environnement", ajoute la représentante d'association, qui s'inquiète pour l'avenir. Mais ces grandes aspirations pourraient finalement tout faire capoter.

Plus de 1.500 sujets à négocier

D'autant plus que le sommet semble avoir créé de nouveaux blocages. Au départ, "seulement" 371 points de désaccord entre les États devaient être résolus pour trouver une issue positive. Ce jeudi, plus de 1.500 sujets sont désormais à négocier. Une mission quasiment impossible à réussir dans les délais impartis. "Il n'y a rien de perdu! Il faut maintenir la pression sur les États. Les plus ambitieux (dans l'envie de réduire l'impact du plastique) sont les plus nombreux: ils sont 100 sur 184 pays", positivise Marine Bonavita.

Mais le risque de voir aucun texte naître reste réel. "Si le désir d'avoir un accord parfait a pour conséquence de quitter Genève sans accord, le monde aura perdu la meilleure opportunité qu'il ait jamais eue pour affronter la pollution plastique à une échelle mondiale", indique le Conseil international de la chimie (ICCA) dans un communiqué transmis à l'AFP. Il faudra assurément faire des concessions pour ne pas voir tout partir en fumée...

Selon une étude britannique, le cerveau humain moyen contient environ 7 grammes de plastique à cause de la pollution. Les humains consomment environ 52.000 particules de microplastique par an, ce qui pourrait causer des troubles cognitifs.

Emmanuel Macron appelle les États à "adopter un texte à la hauteur" :
Le Président de la république a appelé jeudi sur X (ex-Twitter) les États négociant un traité international de lutte contre la pollution plastique à "adopter un texte à la hauteur de l'urgence environnementale et sanitaire", jugeant "inacceptable" le "manque d'ambition" du texte présenté mercredi et immédiatement rejeté.
"Le traité mondial contre la pollution plastique est notre opportunité de faire bouger les choses. Mais le manque d'ambition dans le texte présenté (mercredi) aux Nations unies est inacceptable. J'appelle tous les États présents à Genève à adopter un texte à la hauteur de l'urgence environnementale et sanitaire", écrit le Président français.

TC