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Baisse de la natalité: "Très difficile d'inverser la tendance", selon Jean-François Delfraissy

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La natalité est en baisse en France, selon un rapport du Comité national d'éthique publié jeudi. Son président Jean-François Delfraissy rappelle ce vendredi sur RMC que les causes sont mutliples, comme la baisse de la fertilité, l'envie d'être parent mais aussi l'éco-anxiété.

La natalité toujours en berne en France. Seulement 663.000 bébés ont vu le jour en 2024, soit 2,2 % de moins que l’année précédente, selon l'Insee. Pourtant, la France reste l’un des pays européens les plus féconds, avec 1,62 enfant par femme.

De multiples facteurs socio-économiques expliquent cette baisse de la natalité, explique le Comité national d'éthique. Il émet, dans un rapport publié jeudi 3 avril, des recommandations pour soutenir ceux qui veulent des enfants.

"Inverser" la tendance

Le président du Comité consultatif national d'éthique Jean-François Delfraissy, invité d'Apolline matin ce vendredi, liste notamment deux facteurs qui peuvent expliquer ce phénomène: la baisse de la fécondité, qui concerne le nombre d'enfants qu'ont les femmes, et le problème de l'infertilité, qui traite des difficultés pour un couple de faire des enfants.

Et ces problèmes n'ont pas les mêmes solutions. "Pour le premier point (la baisse de la fécondité), cela relève de la société", explique-t-il sur RMC. "Les femmes sont plus réticentes à l'idée d'avoir des enfants, en rapport avec leur travail, les solutions de garde, ou de l'éco-anxiété".

Le choix d'Apolline : Jean-François Delfraissy - 04/04
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"Il y a de multiples solutions à mettre en place" au niveau politique, assure Jean-François Delfraissy. "Il faut comprendre pourquoi les femmes ont cette baisse du désir d'enfant et l'analyser pour toucher certains ressorts."

Il faut aussi informer massivement la population "sur les risques d'une grossesse tardive, tout en laissant "une grande liberté" aux femmes dans ce choix très personnel. "Il ne faut pas se leurrer, inverser la tendance va être très difficile", ajoute-t-il.

De multiples facteurs

Concernant le deuxième point, l'infertilité, la réponse à émettre n'est pas la même, estime le président du comité. "C'est à la médecine de trouver des solutions." La baisse de la fertilité - qui ne concerne pas seulement les femmes mais aussi les hommes - est liée à de multiples facteurs, comme génétiques, environnementaux ou sociétaux. Et la seule réponse de la Procréation Assistée (PMA) n'est pas suffisante, estime Jean-François Delfraissy.

"Oui, il y a des solutions médicales et elles sont merveilleuses quand elles marchent, mais elles ne marchent pas tout le temps", dit-il en rappelant que les chiffres de la PMA ne sont "pas si bons", avec environ 30% de réussite. "Attention à ne pas laisser trop d'illusion" aux couples, ajoute-t-il, alors que l’infertilité touche plus de 3 millions de personnes en France.

Accompagner la PMA

Mais le comité d'éthique ne délaisse pas pour autant cette solution dans son rapport : il compte bien simplifier l'accès à la PMA et informer largement la population à ce sujet. Selon lui, il faut "mieux accompagner médicalement" les personnes qui passent par la procréation médicale assistée, mais aussi faciliter la congélation des ovocytes et du sperme en donnant "des moyens humains et matériels" aux centres qui la pratiquent.

Ces établissements, qui réalisent aussi les PMA, sont trop peu nombreux alerte le professeur Samir Hamamah, auteur d'un rapport sur l'infertilité et directeur d'un centre à Montpellier : "Il y a une solution très simple. Il faudra surtout augmenter le nombre de centres à pratiquer cette activité. Ça équilibre les choses", assure-t-il.

De quoi permettre, selon lui, de réduire les délais d'attente : pour la congélation des ovocytes, à l'heure actuelle il faut compter six à neuf mois en moyenne et jusqu'à deux ans en région parisienne.

LAM avec Solène Leroux