"C'est inadmissible": le quartier de la Négresse, à Biarritz, va-t-il être rebaptisé?

Le quartier de la Négresse, à Biarritz, va-t-il être rebaptisé? Les juges du tribunal administratif de Pau se penchent sur le dossier ce jeudi matin. C’est l’association "Mémoires et Partages" qui juge cette dénomination "raciste et sexiste". Un combat défendu par l'écrivaine basque Marie Darrieussecq: "c’est un mot qu’emploient les racistes, mais Biarritz n’est pas une ville raciste" soutient la lauréate du prix Médicis.
Ces dernières années, le péage de l’A63, la gare et une pharmacie du quartier ont déjà changé de nom. L’association demande que le quartier reprenne son nom basque, "Harausta". Mais dans les rues de Biarritz, beaucoup d’habitants espèrent que le nom ne changera pas. "Il n’y a aucune raison de changer, assure une Biarrote. Ce n’est pas du tout péjoratif, c’est un nom qui est devenu un nom commun pour tous les Biarrots, et ce n’est pas du tout contre une race ou quoi que ce soit."
Certains avouent même qu’ils y sont très attachés: "Cela fait partie de l’identité du quartier. Le quartier de la Négresse, c’est comme cela depuis des années, pourquoi le changer aujourd’hui?". Et puis, il y a ceux, moins nombreux, qui trouvent cela choquant: "Cela m’interpelle, je pense qu’en 2023, il serait temps de changer un peu, revoir ce nom parce que c’est clairement raciste, péjoratif, rétrograde".
"Il faut rajouter du sens, de la mémoire, de la dignité"
Galery Gourret Houssein, un militant de la première heure, attend beaucoup des juges du tribunal administratif. "La Négresse, c’est une insulte, raciste et infame, il faut que ce quartier reprenne son ancien nom basque Harausta", plaide-t-il. Et il constate que depuis quelques jours, des panneaux de signalisations avec le mot Négresse ont été carrément retirés. Il s’en félicite et veut y voir "un signe positif" avant la décision du tribunal.
"Qu'un quartier porte le nom de ‘Négresse’, c'est inadmissible dans la France du 21e siècle ", pour Karfa Diallo, président de l'association Mémoires et Partages. "Ce n'est pas seulement un quartier mais des dizaines d'établissements commerciaux qui portent ce nom et des représentations caricaturales. Il faut rajouter du sens, de la mémoire, de la dignité, plutôt que d’en enlever", ajoute-t-il dans Charles Matin, sur RMC et RMC Story.
Et pour Karfa Diallo, la population doit accepter le changement. "Je comprends tout à fait ce qu’il y a derrière tout ça. On est un pays qui se sent très menacé dans son modèle social et ses traditions. Les gens vont s'attacher jusqu'à l'absurde, par réaction à qu'ils pensent être leurs traditions. Les sondages n’ont jamais permis les grands progrès sur les droits humains, comme la peine de mort, l’IVG... Si on demandait aux habitants biarrots, ils diraient non. Il faut passer par la justice pour mettre tout le monde à l'aise et que le droit vienne dire que la France a des valeurs essentielles."