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Chaleur: faut-il s'inquiéter des conséquences des variations de températures sur la nature ?

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Après un pic de chaleur ressenti dans toute la France, les températures s'apprêtent à chuter. Ces variations sont-elles normales et ont-elles des conséquences sur la flore ? Serge Zaka, agroclimatologue, fait le point.

Au cours du mois d'avril, l'Hexagone a connu une douceur exceptionnelle de toute part sur la carte. Le temps est sec et ensoleillé, et les températures avoisinent les 27°C à Bordeaux ou encore 26°C à Toulouse lors du week-end des 13 et 14 avril.

Surprenante à ce stade de l'année, cette hausse observée sur les thermomètres n'est pas véritablement anormale, explique Serge Zaka, agroclimatologue, qui rappelle que ces variations sont observées régulièrement au cours de la journée ou des semaines.

Est-ce toutefois une conséquence du réchauffement climatique ? "Pas forcément", répond l'expert au micro de RMC, pour qui le phénomène influence plutôt les extrêmes atteints sur le thermomètre. "Par exemple, le week-end dernier, on a atteint 33,9°C à Navarrenx aux pieds des Pyrénées, ce qui constitue le nouveau record national", rappelle-t-il.

Les arboriculteurs se préparent au retour du gel
Les arboriculteurs se préparent au retour du gel
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Si "on vit le début d'année le plus chaud jamais enregistré", ajoute l'agroclimatologue, "on fait effectivement le yoyo en avril, mais on arrive aux normales de saison lorsque le thermomètre redescend".

L'adaptation indispensable des agriculteurs

Ces conditions météorologiques ne sont toutefois pas sans conséquences sur le vivant. "Les extrêmes haut ont tendance à provoquer le développement de la végétation, qui est déjà très en avance et ça devient problématique", indique Serge Zaka, car "la floraison de certains arbres a lieu parfois avec un mois d'avance".

Si elles sont agréables à l'oeil, ces floraisons ne sont toutefois pas une bonne nouvelle, car la sensibilité des bourgeons et des fleurs au gel évolue. A noter que le risque de voir les végétations développer des maladies est décupler en raison des températures douces.

Du côté des agriculteurs, la situation implique de s'adapter et provoque un coût financier. Pour Serge Zaka, l'objectif sera pour eux de décaler la période de floraison pour éviter les risques de gel. "C'est paradoxal, car dans un contexte de changement climatique, on a plus de risques liés au dégâts dû au gel, alors qu'il fait plus doux, mais le problème n'est pas le gel, c'est la douceur hivernale qui fait que les végétaux se réveillent plus tôt", détaille le spécialiste.

L'objectif sera donc de créer de nouvelles variétés de fruits pour décaler les dates de floraisons, qui devront s'adapter aux chaleurs. A Cavaillon, la démarche a déjà été lancée : des producteurs ont remplacé leurs vignes et l'abricot par de la pistache. Ce changement de filière apparaît désormais indispensable pour espérer continuer de vivre des récoltes.

Mélanie Hennebique