Bacheliers, ils refusent 500 euros de bourse au mérite pour "dénoncer la baisse des subventions"

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, une "bourse au mérite" de 500 euros est versée pour les bacheliers ayant obtenu la mention très bien. Lola, Emma, Jules et Robin du lycée Saint-Exupéry de Lyon, ont décidé de reverser cette somme pour protester contre la baisse de subventions aux associations.

Lola, 17 ans, a obtenu son bac ES avec la mention Très bien.

"J'avais entendu parler de la bourse au mérite au cours de l'année. Avec d'autres élèves, nous avons un peu réfléchi et on a trouvé ça bizarre d'en bénéficier alors qu'on n'en a pas besoin. On a des amis boursiers autour de nous, et c'est bizarre que nous ayons cette prime de 500 euros.

On se sent aussi très concernés par les problèmes que connaissent les associations dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Du coup, on s'est dit que ce serait une bonne occasion de les aider avec cet argent. C'est comme ça que c'est parti.

"Cette bourse au mérite se dirige vers certaines personnes qui n'en ont pas forcément le plus besoin"

Au début du projet, nous étions quatre dans le même lycée. On est tombés d'accord. On a des personnes dans notre cercle d'amis qui vont aussi participer. On reçoit aussi des messages de lycéens, pas forcément bacheliers, qui expriment leur soutien et ça c'est important pour nous, que ce ne soit pas seulement les titulaires de la mention très bien qui puissent participer mais aussi tous ceux qui sont d'accord avec le projet.

On veut dénoncer ces deux aspects de la politique régionale avec laquelle on est en désaccord. Cette bourse au mérite se dirige vers certaines personnes qui n'en ont pas forcément le plus besoin. Les études montrent que la réussite scolaire est liée au milieu social et il y a des gens qui viennent de milieux défavorisés et qui sont moins aidés.

"Certaines associations ont du licencier ou fermer depuis la baisse des subventions"

On dénonce aussi la baisse des subventions pour les associations qui ont des actions qui à nos yeux sont importantes. On va donner à une fédération de MJC [Maison des Jeunes et de la Culture, ndlr] pour dire que l'éducation populaire et l'accès à la culture nous semblent importants et qu'il ne faut pas abandonner. Parce que ces associations sont obligées de limiter leur action. Certaines ont dû licencier des gens ou fermer depuis la baisse des subventions, c'est cela que nous voulons dénoncer.

Dans notre appel aux autres lycéens à participer, on veut surtout faire prendre conscience du problème. Beaucoup d'associations sont touchées. On est bien conscients qu'on ne peut pas donner à toutes les associations, mais si d'autres lycéens veulent participer, il y a plein d'associations qui ont besoin d'aide.

On comptait faire ça entre nous et puis on en a parlé à nos parents qui nous ont dit que c'était dommage de garder ça pour nous. C'est assez incroyable parce que depuis l'envoi notre lettre lundi, plein de gens nous appellent et nous envoient des messages. On ne pensait pas que ce serait autant.

Nous n'avons pas de nouvelles de Laurent Wauquiez [le président du conseil régional de la région] pour le moment, il a été le premier à recevoir la lettre. On espère qu'il nous répondra et que ça fera bouger les choses".

Propos recueillis par Paulina Benavente