"Ça n'a plus aucun sens": à Toulouse, des syndicats d'étudiants dénoncent le blocage d'une fac

Plusieurs universités sont toujours bloquées en marge de la contestation de la réforme des retraites. À Rennes, les partiels qui devaient débuter ce mercredi se feront à distance. A Caen, après plus d'un mois et demi d'occupation, un bâtiment de l'université a été évacué lundi par les forces de l'ordre mais les dégradations sont considérables. Tags sur les murs, du sol au plafond, agent de sécurité molesté, effraction dans un local amianté... Le président de l'université Lamri Adaoui a évoqué un "saccage complet" et chiffre les travaux à 1 million d'euros.
À l'université Jean-Jaurès de Toulouse, la situation inquiète aussi. Depuis le 8 mars, un petit groupe d’étudiants occupe jour et nuit un bâtiment de la faculté situé sur le campus du Mirail, contraignant un millier d'étudiants en littérature, philosophie, musicologie et arts du spectacle à suivre les cours à distance depuis six semaines. Les partiels ont eux été reportés de 15 jours.
L'occupation est désormais contestée par la plupart des associations étudiantes, de droite comme de gauche. "Des éléments plus radicaux que nous utilisent désormais des moyens qu'on ne partage pas et occupent tout un bâtiment", déplore ce mercredi, dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story, Raphaël Montazaud, le président de l'Union des étudiants communistes (UEC) de l’université Jean-Jaurès de Toulouse. "Nous pensons que ça démobilise les étudiants et les empêche de venir combattre la réforme des retraites", ajoute-t-il.
Les bloqueurs réclament la validation du semestre pour tous les étudiants
Selon le syndicaliste, c'est un noyau dur d'une quinzaine de personnes qui dort sur place et bloque l'accès. "Au départ, ils organisaient des choses plutôt politiques, invitant des syndicalistes et organisant une cantine populaire. Aujourd'hui, c'est dénué de tout sens politique, il n'y a plus que des soirées destinées à financer les frais de justice des étudiants interpellés. Cette occupation n'a plus aucun sens et nous demandons à ce qu'elle cesse", appelle Raphaël Montazaud.
Les cours annulés et les partiels reportés, les bloqueurs appellent désormais à la mise en place du "10 plancher", l'attribution d'une note de 10/20 à tous les étudiants dans toutes les épreuves des examens pour leur permettre de valider leur semestre. "C'est le reculement des mots d'ordre. Au départ, ils étaient contre la réforme des retraites mais depuis une semaine, les mots d'ordre ont changé", déplore Raphaël Montazaud.
"Comportements brutaux"
"On peut employer des méthodes radicales, on n'est pas contre le blocage de l'université les jours de mobilisation, mais on veut qu'il y ait un travail de militantisme en amont pour convaincre les étudiants de nous rejoindre. Mais le blocage n'est pas partagé par l'ensemble des étudiants. On bloque le lien", constate le président de l'Union des étudiants communistes.
La présidence de l'université Jean-Jaurès a également appelé à la fin de l'occupation illégale du bâtiment. "La communauté universitaire, dans son immense majorité, est profondément indignée par un climat de tension qui ne peut désormais plus perdurer", déplore la direction dans un communiqué publié lundi, dénonçant des "comportements brutaux", des "violences" et des "vols".