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Camps de réfugiés syriens au Liban, "plus le temps passe, plus notre pays nous manque"

Au Liban, dans la plaine de la Bekaa, à quelques kilomètres à peine de la Syrie, un million de réfugiés syriens s’entassent dans des campements. Parmi eux, 500 000 enfants qui tentent d’apprendre à vivre.

Ils sont 500 000 enfants syriens à vivre au Liban. Depuis le début de la guerre, l’état libanais est très mobilisé et accueille dans ses écoles publiques 160 000 Syriens par an. Pour ceux qui n’y ont pas encore accès, des associations comme Beyond ont monté des structures éducatives, à côté des camps de réfugiés.

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Elle ressemble à une école traditionnelle: une grille, une cour de récréation, une cloche, des cris d’enfants. Pourtant, ici, on n’apprend pas à lire ou à compter. On apprend à vivre.

Ce jour-là, la classe des cinq-six ans étudie comment se laver les mains, le visage, le corps. Ces enfants ont tout à apprendre, explique Ghanem, la directrice du camp. "Ces enfants ont eu une vie misérable. La guerre, l’exil, les camps de réfugiés. Il y a des choses basiques qu’ils ne connaissent pas. C’est notre rôle à nous, ici, de leur apporter un peu de normalité."

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Des règles de vie, de la discipline, mais aussi de la confiance en eux. Dans une salle de l'école, les enfants interprètent fièrement leur pièce de théâtre. Dans une autre classe, ils apprennent à fabriquer des bijoux. "Ce que j’aime surtout, c’est de pouvoir offrir quelque chose que j’ai fabriqué moi-même" explique l'un d'eux. 

La musique retentit soudain au fond d'un couloir, le cours de chant a commencé. La quinzaine d’enfants sur scène semblent heureux, et fiers. Ce sont eux qui ont écrit les paroles. "La chanson parle de la Syrie. Plus le temps passe, plus notre pays nous manque. Chanter, moi, ça me fait du bien. Je peux exprimer tout ce que j’ai dans mon cœur. Avant je ne pouvais pas, je ne trouvais pas les mots", explique Nada. 

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A la fin des cours, la jeune fille de 16 ans rentre à pied. Elle vit dans le camp de réfugiés depuis trois ans et demi, depuis qu’elle a quitté la ville Homs. Sa maison est maintenant une tente située en face des montagnes au loin.

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Nada se rappelle son pays avec nostalgie. "Souvent avec mes copines, on vient se mettre ici, et on se dit que là-bas, c’est notre pays. Ça ne me rend pas triste, au contraire, ça m’apaise de le savoir si proche. Je ne veux pas voyager, partir loin d’ici parce que je me dis qu’il y a toujours un espoir de retourner là-bas."

Un espoir que vient conclure la chanson des enfants, adressée à leur pays. "Quand nous reviendrons, nous te construirons de belles maisons toutes neuve', chantent-ils, 'et nous ne serons plus jamais des réfugiés". 

Marie Regnier avec A.B.