RMC

Véronique Roy a perdu son fils en Syrie: "il a dit qu’il était parti aider des gens"

-

- - -

Quentin qu’ont-ils fait de toi? est un livre de Véronique Roy (ed. Robert Laffont). Sur le plateau des Grandes Gueules cette mère de famille de banlieue parisienne raconte le départ de son fils pour la Syrie et sa mort en 2016 alors que rien ne l’y prédestinait.

Quentin a 23 ans quand il meurt en Syrie. Sa mère est normande et son père haïtien et rien ne semblait l’orienter vers l’horreur. Leur fils se convertit à l’islam de manière et l’assume avec aisance, en parle avec ses parents qui acceptent son chemin religieux par souci de tolérance. Si sa mère, invitée des Grandes Gueules, a quelques éléments explicatifs aujourd’hui, elle ne voit rien venir sur le moment.

"On l’a compris après mais il a arrêté la fac parce qu’il ne pouvait pas faire ses prières à heures fixes. Ce n’est pas la prière qui est le problème, c’est d’être jugé si on ne la fait pas à heure fixe. Donc ça pose un problème d’intégration à un moment."

Finalement Quentin organise son départ sans que ses parents ne se doutent de rien. "Il part en Allemagne pour repérer des voitures pour le compte de la société qui l’employait comme chauffeur taxi. J’ai correspondu avec lui quand il était à Francfort enfin je pensais qu’il était à Francfort… J’ai su longtemps après qu’il n’était déjà plus à Francfort à ce moment-là. Au bout de 3-4 jours il nous a envoyé un message. Il disait qu’il allait partir apprendre l’arabe littéraire pendant un mois, qu’il appellerait dès qu’il pourrait et que l’on avait pas à s’inquiéter."

La réaction des parents est évidemment l’inverse et ils entrent en contact avec la police. "Il avait déjà évoqué avant le fait de vouloir apprendre l’arabe, mais quand il nous dit ça, on s’inquiète tout de suite. On lui dit 'Quentin, c’est quoi ce bo***'. Il n’a pas répondu et à partir de ce jour-là on n’a plus eu de nouvelles. On a fait une déclaration de disparition inquiétante. On était dans un état de sidération, on ne comprenait pas. Quand on a été au commissariat et qu’on a décrit la situation, en terme de profilage policier, il est passé de jeune converti à suspect."

"Il nous a appelé 1 mois après"

"Finalement il a tenu sa promesse. Il nous a appelé un mois après, en laissant un message qu’on a conservé et où il a des sanglots dans la voix. On sentait qu’il était perdu et malheureusement, on n’était pas là. C’est un regret immense pour nous. Dans le message, il ne dit même pas qu’il est en Syrie, c’est par l’indicatif du numéro qu’on a compris. Il a dit qu’il était parti aider des gens."

Les Grandes Gueules avec A. Benyahia