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Comment relever le niveau des élèves? "Il faut éviter les écrans et leur lire des histoires"

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Le niveau des élèves français est en forte baisse en maths, selon le dernier classement Pisa. Pour le docteur en neurosciences Michel Desmurget, il faut absolument éviter les écrans et lire des histoires aux enfants dès le plus jeune âge et le plus longtemps possible, pour ouvrir la curiosité et faciliter la concentration.

Le niveau des élèves français continue de baisser à vitesse grand V. Selon le dernier classement Pisa publié ce mardi par l'OCDE, la France connaît une baisse "historique" du niveau de ses élèves âgés de 15 ans en mathématiques. "En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude Pisa" en 2000, explique l'OCDE, évoquant une baisse de "21 points, contre une baisse de 15 points pour la moyenne OCDE".

Cette baisse intervient dans un contexte de baisse générale des performances à l'international que l'OCDE impute à la pandémie de Covid-19. Mais le virus ne peut pas tout expliquer. "Il y a des problèmes liés à la structure de l'école et des problèmes dont on parle moins, liés à la famille, à l'usage des écrans, des parents, comment on parle aux enfants", alerte Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm et auteur de "La fabrique du crétin digital", dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story

Selon lui, l'omniprésence des écrans est l'une des causes des baisses de niveau. Et ce dès le plus jeune âge: "Avant d'arriver à la maternelle, il se passe trois ans. Et en trois ans, il y énormément de différences sur ce qu'ont pu absorber les enfants ou pas. Les enfants n'ont pas tous la même capacité à absorber, notamment avec l'usage des écrans. Ces temps d'usages sont colossaux et on se retrouve avec des enfants de moins en moins préparés à absorber ces usages scolaires".

Les écrans provoquent de nombreux retards chez les plus jeunes

Avec des conséquences catastrophiques. "On a des problèmes de langage, de concentration, d'attention, d'impulsivité et de sommeil", énumère Michel Desmurget. "L'école est obligée de s'appuyer sur ce qu'il se passe à la maison et la maison va tirer profit de ce qu'il se passe à l'école", poursuit le docteur en neurosciences.

Pour corriger le tir, le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a annoncé "de nouveaux programmes à l'école primaire dès septembre prochain, des classes de maternelle au CE2", avec comme principes "la simplification et la clarification".

Insuffisant, juge Michel Desmurget qui en appelle aux parents: "Pour que les enfants soient prêts, il faut le moins d'écrans possible. Ensuite, il faut des activités pour structurer le cerveau de l'enfant comme le sport, l'art, la musique et surtout la lecture et le langage", explique-t-il, appelant à lire des histoires aux enfants.

"Parlez aux enfants, lisez-leur des histoires, le plus tard possible. Dans les livres, le langage est beaucoup plus riche, plus élaboré que celui que l'on trouve à l'oral. Dans un livre pour un enfant de maternelle qui ne sait pas lire, il y a plus de richesses que dans n'importe quel échange verbal entre adultes", explique le docteur en neurosciences.
L'invité du jour : Michel Desmurget - 06/12
L'invité du jour : Michel Desmurget - 06/12
10:28

S'inspirer de Singapour et recruter

Voilà pour les parents. Du côté de l'école, Gabriel Attal veut s'inspirer de ce qu'il se fait de mieux à l'étranger et notamment en Asie, alors que Singapour caracole en tête des classements Pisa toutes matières confondues. Le ministre veut appliquer la méthode dite de Singapour donc, "en anticipant par exemple l'apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1".

"J'ai un scoop, on le fait déjà", tacle Kevin, professeur des écoles en CM1-CM2 en Loire-Atlantique. "On le fait, on manipule. Mais avec 30 élèves, statistiquement, on manipule moins", déplore le fonctionnaire, qui estime qu'il faut avant tout maintenir les seuils à 20 élèves en maternelle et 24 élèves du CP à la 3e.

Relever le niveau de l'école française semble presque insurmontable à l'heure des coupes budgétaires et alors que le métier d'enseignant n'attire plus du tout. Le ministre de l'Education nationale a pourtant estimé qu'il fallait "créer des postes potentiellement plusieurs milliers" de postes d'enseignants d'ici la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron. Pour y parvenir, il doit présenter à la fin du mois de décembre "un nouveau schéma d'emploi pour la rentrée prochaine" aux syndicats.

"Il faut mettre des humains car on voit que là où on a le plus numérisé les apprentissages, c'est là où les résultats sont en baisse", abonde Michel Desmurget.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC