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Convention citoyenne sur l'éducation: Emmanuel Macron fait "diversion", dénonce le SNES-FSU

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Emmanuel Macron va lancer une convention citoyenne sur les rythmes et les vacances scolaires. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU, fustige ce samedi sur RMC une "idée hors-sujet" et y voit une nouvelle offensive du chef de l'État contre les enseignants.

Emmanuel Macron va lancer au mois de juin une nouvelle convention citoyenne sur "les temps de l'enfant" où seront abordés les temps de vacances et les horaires scolaires, des sujets qui concernent le quotidien de millions de Français mais aussi leur lot d'irritants. "C'est une idée complètement hors-sujet", tacle ce samedi sur RMC Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU.

Selon elle, l'urgence réside dans la "revalorisation du métier d'enseignant" et "comment avoir plus de professeurs dans les établissements". Le président de la République fait une "diversion" et "risque d'enfoncer un peu plus l'Éducation nationale dans la crise", met-elle en garde.

"Emmanuel Macron risque d'enfoncer un peu plus l'Éducation nationale dans la crise", juge Sophie Vénétitay

"La convention citoyenne m'a semblé être l'outil de consultation des Français le plus adapté, car c'est une question très complexe qui nécessitera de dégager de nombreux consensus entre tous ceux qui sont touchés par ce vaste sujet, comme les parents, la communauté éducative y compris périscolaire, les collectivités locales et même les professionnels du tourisme", a déclaré Emmanuel Macron.

La ministre Élisabeth Borne avait déjà évoqué le sujet, en janvier, dans les colonnes du Parisien: "Les coupures longues se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles. Les vacances d’été de 2025 ne changeront pas mais pour 2026, cela dépendra de l’issue des discussions", avait-elle déclaré.

L'organisation confiée au Cese

Comme pour la fin de vie, le chef de l'État a décidé de confier l'organisation de cette convention citoyenne au Conseil économique, social et environnemental (Cese). "La démocratie participative et sociale prend tout son sens en apportant le matériau nécessaire pour des politiques publiques mieux construites, plus applicables, mieux acceptées", a déclaré son président Thierry Beaudet. 

On manque de considération pour les réflexions menées par le corps enseignant et organisation syndicales depuis plusieurs années, regrette Sophie Vénétitay, qui rappelle par ailleurs qu'une expérimentation "Cours le matin, sport l'après-midi", avait déjà été mené dans plusieurs collèges et lycées de France, en 2011-2012.

L'invitée du jour : Sophie Vénétitay - 03/05
L'invitée du jour : Sophie Vénétitay - 03/05
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"On a déjà échangé sur la question des vacances l'année dernière avec les organisations syndicales et les parents d'élèves, pourquoi Emmanuel Macron et la ministre Élisabeth Borne ne reprennent pas les discussions qui ont déjà eu lieu?" s'interroge-elle. "Pendant des années on nous écoute pas et là, la solution est une convention citoyenne. Comprenez qu'on soit perplexe", poursuit secrétaire générale du syndicat SNES-FSU.

C'est un "grand exercice de diversion nationale plutôt que de traiter les urgences de l'école", dénonce Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU

La question du nombre de semaines de vacances sera également abordée.  "La France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays", avait indiqué le chef de l'Etat en février. "Il faut prendre les bons chiffres, c'est faux", a affirmé Sophie Vénétitay, qui cite l'Italie ou des pays d'Europe du nord.

"Prof-bashing"

L'enseignante syndicaliste préférerait que des solutions soient proposées pour les enfants défavorisés, afin qu'ils puissent partir en vacances. "On pourrait imaginer une relance de l'éducation populaire, travailler avec les collectivités territoriales. Les vacances, c'est effectivement fait pour que les enfants puissent sortir de chez soi", appuie-t-elle.

Cette sortie d'Emmanuel Macron cache, selon Sophie Vénétitay, une nouvelle offensive anti-prof, souvent nommée "prof-bashing". "C'est un grand classique. L'idée est de pointer du doigt les enseignants qui ont trop de vacances". Et pourtant, "si le métier était aussi attractif, on n'aurait pas autant de mal à recruter", conclut l'enseignante.

Léo Manson