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Corrida, chasse: faut-il interdire aux mineurs d'y assister?

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L'association de défense des animaux Peta demande au Premier ministre Gabriel Attal d'interdire aux mineurs d'assister aux corridas et aux parties de chasse. Une demande qui provoque l'ire des amateurs des deux pratiques.

Faut-il instaurer une limite d'âge pour assister à une corrida ou participer à une battue de chasse? C'est en tout cas ce que souhaite l'association de défense des animaux Peta, qui en appelle directement au Premier ministre Gabriel Attal.

"Regarder des animaux être terrorisés, abattus ou massacrés d’une quelconque manière est indéniablement traumatisant pour les enfants", assure l'association dans un communiqué. "Cela peut avoir des conséquences psychologiques pour de jeunes individus qui, pour la plupart, éprouvent une empathie naturelle pour les animaux", poursuit Peta.

Aujourd'hui, la législation autorise les mineurs de plus de 16 ans à porter une arme et chasser seuls des animaux, tandis que rien n'interdit la présence de mineurs plus jeunes.

En ce qui concerne la corrida, Peta déplore l’implication d'enfants dès le plus jeune âge. Selon une enquête de l'association de l'association One Voice menée en 2019 dans une école taurine de Nîmes, les élèves sont encouragés dès 6 ans à narguer et à poignarder de très jeunes taureaux, décrits comme "presque des veaux" par les enquêteurs, dans le cadre d’entraînements pour devenir toréadors.

Des situations qui peuvent avoir des conséquences sur ces futurs adultes. D’après une étude publiée par l’International Journal of Environmental Research and Public Health et brandie par Peta, être témoin d’actes de cruauté ou de négligence peut inciter les enfants à maltraiter des êtres humains et d’autres animaux à l’avenir.

Sans surprise, la demande de Peta fait hurler les aficionados de la corrida et de la chasse. A commencer par Fred Hermel, issu d'une famille de chasseur et grand amateur de corrida: "En Espagne, c'est culturel, il y a de nombreux enfants, ils y sont préparés, parce qu'emmener un enfant sans préparation, ce n'est pas possible", assure-t-il ce jeudi sur le plateau d'Estelle Midi.

"Fonds de commerce"

"Peta est une espèce migratoire: quand la saison des corridas revient, elle attaque les corridas parce que c'est son fonds de commerce", tacle de son côté André Viard, président de l’Observatoire national des cultures taurines et ancien torero. "On n'a jamais démontré qu'il y avait des traumatismes et nous serions intéressés de le savoir", ajoute-t-il sur RMC et RMC Story.

Il assure avoir demandé à l'Etat le financement d'une enquête à ce sujet en 2008: "Lors des rencontres 'Animal et société', j'ai demandé une enquête statistique de l'Etat sur dix ans. Mais on n'a pas trouvé de consensus: les gens favorables à la corrida étaient pour cette étude, les anti-corridas ont tous voté contre parce que la démonstration officielle qui en aurait été faite aurait privé leur mouvement d'un argument récurrent de leur propagande", croit savoir André Viard.

"Il n’y a aucun enfant non accompagné à la corrida, chacun doit avoir conscience de la maturité de son enfant", ajoute le torero. "Peta, c'est une fondation nord-américaine antispéciste, puritaine, woke, qui vient dépasser l’autorité parentale. C’est du colonialisme", ose même André Viard.

G.D.