Elisabeth Borne "pas spécialiste" de l’Education nationale: "La médiocrité continue"

Des mots qui ne passent pas. En prenant ses fonctions au ministère de l’Education nationale ce mardi, l’ex-Première ministre Elisabeth Borne a reconnu qu’elle n’était "pas spécialiste" de ces sujets. "On va avoir une dame qui n’y connait rien, mais ça ne me surprend pas, déplore le prof d’économie Frédéric Farah dans Les Grandes Gueules ce mardi sur RMC et RMC Story. Depuis des années, j’ai toujours trouvé que les ministres, qu’ils connaissent ou non ces affaires, nous ont toujours méprisés. Un peu plus ou un peu moins, ça ne change rien. La médiocrité continue. Heureusement que les hommes et les femmes de terrain sont là. On tient la boutique, comme dans les hôpitaux ou ailleurs. Sinon, la nation va à vau-l’eau. Elle ne fait que passer, on l’oubliera."
Après Pap Ndiaye (mai 2022-juillet 2023), Gabriel Attal (juillet 2023-janvier 2024), Amélie Oudéa-Castera (janvier-février 2024), Nicole Belloubet (février-juillet 2024) et Anne Genetet (septembre-décembre 2024), Elisabeth Borne est la sixième ministre de l’Education nationale depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron. Et Frédéric Farah ne s’attend pas à une amélioration de la situation.
"On ne nous écoute pas et ensuite, on est toujours méprisés, moqués, dénonce-t-il. Les ministres passent leur temps à nous expliquer qu’on râle et nous donnent des miettes. On ne trouve même plus des gens qui veulent passer le concours. Aujourd’hui, gagner 2.000 euros après 15-20 ans de carrière… Quand on vit en région parisienne, c’est absolument un attentat sur le pouvoir d’achat. Et ensuite, on va dire ‘ces gens se plaignent’, ‘ces gens ne veulent pas devenir profs’. Mais il y a de quoi ne pas devenir prof, tellement on est méprisés, pas considérés, et avec des réformes débiles et des ministres autoritaires qui nous expliquent la vie en permanence. Qu’ils se taisent ou qu’ils s’en aillent, mais qu’on ne les voit plus jamais!"
"Un ministre n’a pas de baguette magique"
Pour l’entrepreneur Emmanuel de Villiers, "avouer en prenant son ministère qu’elle n’a pas l’expertise de ce domaine d’activité, c’est d’une maladresse…". "Si on l’inventait, on n’y croirait pas", estime-t-il. Zohra Bitan, cadre de la fonction publique, juge aussi "maladroit" l’aveu d’Elisabeth Borne mais se veut moins sévère. "Quand on prend des responsabilités, on n’est pas omniscient et ce n’est pas un problème, souligne-t-elle. Il y a des premières qualités à voir, comme le sens de notre engagement, ce qu’on est prêt à donner pour notre pays… Elle aurait pu continuer en disant ‘je ne maîtrise pas personnellement l’Education nationale, mais j’ai pris l’ampleur de la mission, je suis bien entourée et je vais m’attacher à consulter les meilleurs experts pour que la feuille de route que je vous propose puisse être mise en œuvre’. Ce n’est pas compliqué. Un ministre n’a pas de baguette magique et n’est pas multifonction. Mais il doit avoir la capacité, l’intelligence et en tout cas la responsabilité de l’ampleur de la tâche."