Fouilles des sacs à l'école: "On a autre chose à faire", regrette un policier

Les fouilles aléatoires devant les écoles, promises par la ministre de l'Éducation Élisabeth Borne, entrent en vigueur. L'ancienne Première ministre était jeudi, aux côtés du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, devant un lycée professionnel du XVe arrondissement de Paris, pour assister à "une opération de contrôle aléatoire des sacs des élèves menée par les forces de l'ordre".
"Ça ne change, dans les faits, absolument rien du tout. Les textes ne font que renforcer ce qui existe déjà, mais ça ne résout pas le problème", se désole ce jeudi sur RMC Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP). Ce dernier dénonce "une démonstration de force" qui ne s'occupe pas du "vrai problème", celui du manque de personnels et de moyens, selon lui.
"Les élèves porteurs d’armes blanches seront systématiquement signalés au Procureur. Ces actions s’inscrivent dans le Plan d’action départemental pour la sécurité du quotidien", précise sur X Bruno Retailleau.
Éviter les regroupements
Ces contrôles font partie des mesures dont la mise en place immédiate a été demandée par les ministres dans un télégramme envoyé mercredi aux préfets, aux rectorats, mais aussi à la police et à la gendarmerie nationale.
Les deux ministres leur demandent d'abord d'identifier les établissements "nécessitant une action prioritaire". Ce seront les premiers visés par des opérations de lutte contre la violence. Élisabeth Borne et Bruno Retailleau demandent que les contrôles soient mis en place dès à présent, aussi souvent que nécessaire et jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Ordre est donné de veiller à éviter les regroupements liés à l'attente des élèves devant l'établissement. Ensuite, dans le volet des sanctions, un conseil de discipline systématique sera mis en place pour des faits de violence et notamment si une arme blanche est introduite dans l'établissement. Une réponse toutefois graduée, veulent tempérer les ministres, qui évoquent des actions de prévention adaptées au contexte local.
Dans une ville qui va comprendre 3 ou 4 lycées, on a qu'une seule patrouille de police-secours. On ne peut pas se diviser comme ça."
Pour Frédéric Farah, économiste membre des Grandes Gueules, ces annonces ne valent rien. "La communication tue la politique. Je n'y crois même pas 5 minutes, parce que tout ça c'est du vent, de l'agitation."
Ces contrôles représentent une tâche supplémentaire pour les forces de l'ordre. "On a autre chose à faire que d'aller fouiller les sacs devant les écoles", se plaint Lilian, un policier interrogé par les GG.
Surtout, selon lui, cette mission s'ajoutera à d'autres surveillances effectuées par les policiers: "Les fonctionnaires de police-secours doivent faire des passages devant les domliciles des élus, à ça on va rajouter les opérations tranquillité-vacances, les collègues de police-secours ne font plus rien de police. Il n'y a plus de missions de police."
Pour autant, ce "climat de surveillance peut dissuader un certain nombre d'élèves", estime la professeure d'histoire-géographie Barbara Lefebvre au micro des GG. Cela permettrait de "poser un cadre", selon elle, et de "rassurer certains élèves".