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Éducation

Groupes de besoins: "engrenage négatif", mesure "contre-productive"... un bilan très mitigé

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La ministre de l'Éducation nationale, Anne Genetet, a annoncé que les groupes de besoins seront étendus à partir de la rentrée 2025 en 4ème et en 3ème. Pourtant, le bilan est mitigé en 6ème et en 5ème depuis le début de l'année scolaire.

Les groupes de besoins, mis en place depuis la rentrée 2024, vont être partiellement étendus aux élèves de 4ème et 3ème à partir de l'année prochaine, dans le cadre des réformes présentées par la ministre de l'Éducation nationale, ce mardi. Anne Genetet a précisé qu'il s'agira "d'une heure par semaine, soit en maths, soit en français".

L'objectif, pour les cours de français et de maths, est de créer des petits groupes où les élèves sont répartis selon leur niveau en cours. Après deux mois de test, le bilan dressé par les professeurs pour les 6èmes et 5èmes est très mitigé.

Depuis la rentrée, Sébastien, professeur de français, donne cours à un groupe de niveau de 14 élèves, ceux avec le plus de difficultés. Une mesure "contre-productive" selon lui:

"Il n'y a pas d'émulation dans la classe. Il y a un engrenage négatif qui se crée avec des élèves qui commencent à dire n'importe quoi."

Lui prône plutôt un mélange des niveaux. Ces groupes créeraient davantage d'inégalités selon lui: "Normalement, il y a quand même une influence positive des élèves en réussite. Les élèves en difficulté dans ces groupes-là n'ont pas ces modèles-là. Ils auront pris encore un peu plus de retard sur certains aspects de ma matière."

Des collèges s'adaptent

Pour contrer cela, la plupart des établissements n’ont pas suivi la réforme aussi fidèlement. 60% des collèges ont bien créé des petits groupes, mais en mélangeant les meilleurs élèves avec ceux en difficulté. Quelle que soit la méthode de répartition; Igor Garncarzyk, principal d’un collège du Calvados, constate surtout des collégiens déstabilisés: "Les élèves de 6ème se retrouvent à certains moments en classe pour passer ensuite aux groupes, des groupes constitués différemment en français et en mathématiques avec de nouveaux enseignants qui ne connaissent pas leurs élèves. Ça ne pas fonctionner comme ça."

Igor Garncarzyk demande à la ministre de l'Éducation nationale de revenir sur ce dispositif. L’étendre à la quatrième et la troisième est, selon lui, "impossible".

Joanna Chabas (avec TRC)