Harcèlement scolaire: pourquoi Gabriel Attal s’intéresse aux cours d’empathie

Une répression "implacable" contre les élèves qui harcèlent. C’est ce qu’annonce Gabriel Attal avec une première traduction dans les faits. Un décret a été publié jeudi dernier pour que, désormais, un élève responsable de harcèlement scolaire puisse être transféré dans un autre établissement. "Le directeur d’école peut demander au maire de procéder à la radiation de l'élève harceleur et à son inscription dans une autre école", dit le décret. Alors que jusqu'à présent, c'était plutôt les victimes qui étaient incitées à changer d'établissement…
Le décret prévoit aussi de sanctionner le harcèlement en ligne. Et c’est ce qui s’est passé ce lundi. Un collégien de 14 ans d'Alfortville avait moqué et menacé sur les réseaux sociaux une adolescente transgenre de 15 ans. Le père de cette élève a porté plainte. L’auteur des menaces a été identifié et la police est aussitôt venue l'arrêter en plein cours avec l’accord du principal du collège.
Un surveillant a demandé à l'élève de sortir de la classe. Les policiers sont restés dans le couloir, mais ils ont aussitôt menotté le collégien avant de le placer en garde à vue. Il sera soumis à une mesure de réparation pénale. La police est intervenue à 16 heures, alors qu’au même moment le ministre de l’Éducation réunissait en visio tous les recteurs d'académie pour leur demander un électrochoc dans le traitement du harcèlement scolaire. L'électrochoc a donc eu lieu immédiatement dans ce collège du Val-de-Marne. Et ce n’est peut-être pas un hasard.
Le Danemark en modèle
Parallèlement, Gabriel Attal étudie des mesures de prévention. Il va se rendre bientôt dans les pays nordiques pour étudier ce qu’il s’y pratique: des cours d'empathie. L'empathie, c’est la capacité à comprendre les émotions de quelqu'un d’autre, le fait d'arriver à se mettre à la place de l’autre. Et cela s’enseigne, depuis des années. Le Danemark a inscrit cette discipline dans le programme officiel en 1993, pour tous les élèves de 6 à 16 ans, à raison d’une heure par semaine.
Pour les plus petits, il s’agit d’apprendre la gentillesse, le respect, à se faire un câlin pour se dire bonjour. Pour les plus grands, on enseigne la coopération plutôt que la compétition. Cela consiste par exemple à corriger des exercices en commun. Les plus forts expliquent aux autres, plutôt que de se moquer de ceux qui sont moins bons. Et ça marche. Des études ont montré qu’il existe un lien entre le programme et l’empathie des enfants. 70% des enseignants disent que les élèves sont plus bienveillants les uns envers les autres.
Ce modèle danois s’est exporté, un peu partout dans les pays nordiques mais aussi en Roumanie ou Russie, où il y a des cours de gentillesse. Des expériences ont déjà été faites en France. Plutôt que de cours d'empathie, on parle chez nous de "développement des compétences socio-émotionnelles". C’est la même chose, mais dit avec le vocabulaire bien spécifique de l’Education nationale.
En Belgique, un député qui a étudié la question explique qu'1 euro investi aujourd’hui dans le bien-être des jeunes, c’est 100 euros économisés dans 20 ans, en termes d’anti-dépresseurs ou de lutte contre l'insécurité. Gabriel Attal va donc se rendre au Danemark pour étudier les cours de gentillesse. Et il rentrera sans doute avec l’envie de faire la même chose dans l’Education nationale. Mais on ne sait pas quand, ni à quelle échelle, ni avec quels moyens…