"Ils l'ont attrapé et lui ont mis les menottes": l'interpellation d'un harceleur en plein cours divise

Un collégien a été interpellé en plein cours ce lundi, à Alfortville (Val-de-Marne). Âgé de 14 ans, il est soupçonné de harcèlement envers une lycéenne transgenre de 15 ans, scolarisée en seconde. Le père de la victime a déposé une main courante ce lundi après avoir été reçu par la proviseure du lycée. Le collégien est suspecté d'avoir envoyé des messages homophobes et des menaces de mort sur le réseau social Instagram.
Il a reconnu les faits en garde à vue, et a exprimé des regrets. Le parquet prononcera à son encontre une mesure de réparation pénale. Mais si la lutte contre le harcèlement fait l'unanimité, la manière de faire, avec l'interpellation en plein cours, divise.
A 16h, ce lundi, ces deux collégiennes sont en plein cours de SVT. “La directrice rentre, donc nous on se lève et là elle nous dit ‘intervention policière sévère’”, racontent-elles au micro de RMC. Cinq policiers entrent dans la salle de classe et appellent le nom de l'élève soupçonné de cyberharcèlement.
"Ils prononcent son nom donc il se lève pour aller les rejoindre et là, ils l’attrapent par le bras et lui passent les menottes devant tout le monde. J’étais complètement choquée, j’ai eu du mal à suivre le cours après”, assure l’une des deux collégiennes.
Si elles se disent choquées de l'intervention policière, selon elles, c'était l'effet recherché par les forces de l'ordre. “Je pense que c’est pour faire un électrochoc dans les esprits. Pour qu'on se dise que si ça lui arrive à lui, ça peut arriver à tout le monde”, expliquent-elles.
Le rectorat s'interroge et a échangé avec les autorités concernées pour "comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à interpeller cet élève dans un établissement scolaire".
Est-ce une mesure proportionnée? Pas vraiment, plutôt "un excès de zèle", juge une militante historique contre le cyberharcèlement. "C'est une escalade regrettable qui ne doit surtout pas servir d'exemple", indique-t-elle.
Une réponse au harcèlement
Une interpellation que regrette également le maire d'Alfortville, Luc Carvounas.
“Avant d’arriver à la police et à la justice, moi, je réclame comme maire d’Alfortville des moyens pour les collèges de ma ville. Que ce soit clair, ce gamin est un harceleur. S’ils sont venus le chercher, ce n'est pas dénué de sens. Mais la proviseure de ce collège tire la sonnette d’alarme et me dit ‘moi je suis toute seule, je n’ai ni assistante sociale, ni secrétaire, ni adjoint’. Elle est toute seule, est-ce que vous croyez que c’est normal? Moi, je ne le pense pas”, pointe-t-il.
Un représentant du principal syndicat de chefs d'établissement relativise, et évoque "une maladresse" sur la forme. Mais sur le fond, il est catégorique. "On ne peut pas demander toute la semaine des réponses au harcèlement et les condamner quand il y en a", juge-t-il.
Ce syndicaliste rappelle toutefois que des protocoles existent et prévoient qu'une interpellation se déroule par exemple dans le bureau du proviseur, où l'élève aura été préalablement isolé de ses camarades.