Ma fille de 10 ans va à l'école avec la boule au ventre. A cause de Squid Game, elle se fait bousculer, harceler...
Le harcèlement scolaire continue de faire souffrir enfants et parents qui sont parfois désemparés face à la violence du phénomène. De nouvelles mesures vont être annoncées dans le cadre d'une nouvelle campagne de lutte contre le harcèlement scolaire.
Johanne est la mère d'une jeune fille scolarisée en CM2, et a témoigné de sa détresse ce jeudi dans Apolline Matin en direct sur RMC. Sa fille va à l'école avec la boule au ventre tous les matins.
"Le directeur s'en lave les mains..."
"Tous les jours, depuis le début de l'année, elle se fait pincer, insulter, menacer. Elle va à l'école avec la boule au ventre tous les matins et on lui demande de se taire, de ne rien dire, de ne pas faire d'histoires. Les enseignants, le directeur (lui demande de se taire). J'ai demandé un rendez-vous avec les parents de l'enfant en question et le directeur de l'établissement m'a clairement dit que ce n'est pas son problème. Il s'en lave les mains."
Johanne a ainsi été contrainte d'aller à la gendarmerie pour déposer une plainte, mais elle explique comment les forces de l'ordre également semblent impuissantes face au harcèlement scolaire.
"J'ai déposé une plainte le 23 octobre, et la gendarmerie m'a clairement dit, quand j'ai cité le nom l'enfant, que celui-ci leur crache à la figure. Et le directeur me dit ensuite que c'est ma fille qui provoque cet enfant.
La gendarmerie m'a dit que si ça continuait ils demanderaient un changement d'établissement pour ma fille. Ma fille devra changer d'établissement si ça continue car ils n'ont aucun moyen d'agir en fait. Ils ne savent plus quoi faire de ces enfants qui harcèlent, qui sont dans des milieux sociaux parfois compliqués."
"'Squid Game', c'est le nouveau prétexte, et l'autre jour elle est revenue avec une épaule complètement défoncée"
Johanne témoigne de l'influence de la série Squid Game (série TV coréenne de Netflix très populaire, déconseillée aux moins de 16 ans), observée depuis la rentrée dans de nombreuses cours de récréation en France.
"Ma fille ne veut plus aller à l'école. Elle est en CM2. Elle n'est qu'en primaire, et ils ont trouvé un nouveau jeu pour pouvoir harceler leurs copains. 'Squid Game' c'est le nouveau prétexte, et l'autre jour elle est revenue avec une épaule complètement défoncée, à ne pas vouloir nous dire ce qu'il s'était passé.
Lors d'un conseil d'école trimestriel, d'autres parents nous ont raconté ce qui se passait et m'a fille m'a confirmé que c'est le nouveau jeu qu'ils ont trouvé pour les taper, les rabaisser. Ils trouvent toujours de nouvelles solutions pour harceler les enfants."
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"Une souffrance qui devient une triste réalité aujourd'hui dans les établissements"
Egalement invité de RMC ce jeudi, Hugo Martinez, président de l'association 'Hugo !', et lui-même victime de harcèlement scolaire, n'est malheuresement pas surpris de la situation de Johanne et de sa fille.
"Malheureusement c'est une souffrance qui devient une triste réalité aujourd'hui dans les établissements. On envoie nos enfants souffrir à l'école alors qu'ils devraient y apprendre."
Pour l'aider, il lui conseille de monter au niveau de l'académie si le directeur de l'établissement ne trouve pas de solution.
"Là, il faut remonter au niveau académique pour signaler cela. Il faut appeler également le 3020 (numéro vert du gouvernement dédié aux signalements des cas de harcèlement scolaire), prendre contact avec les référents académiques dédiés au harcèlement scolaire. C'est toujours très difficile de créer le contact direct entre la famille de la victime et les familles des auteurs des faits car il y a forcément de la tension entre les deux côtés. Le directeur a un rôle pour faire la médiation."
Il réclame au plus vite la création d'un délit de harcèlement scolaire.